Whitespace Records
Vandaveer reprend le chemin qu’il avait commencé à tracer avec Dig Down Deep, mis un instant entre parenthèse le temps de l’album de murder ballads Oh Willie, Please… , à savoir la voie d’un folk qui peu à peu se fait moins dépouillé et s’habille de nombreux instruments. Chose plutôt surprenante puisqu’initialement, The Wild Mercury se voulait revenir à la formule d’écriture de Divide & Conquer, emmené par le simple duo Heidinger/Guerin à base de guitare et d’harmonie vocale. Puis, en retrouvant Duane Landy déjà aux manettes de Dig Down Deep et le multi-instrumentiste J. Tom Hnatow, le projet intime s’est finalement transformé en un album de groupe et les titres apportés par Heidinger ont pris plus de consistance.
On retrouve alors sur la galette dix pistes aux saveurs différentes. On trouve des sonorités tantôt pop (A Little Time Off Ahead, The Final Word), tantôt répondant aux codes de l’americana avec la pedal steel de circonstance (Holding Patterns). On savait que Heidinger avait une plume permettant de s’approcher et parfois même de concurrencer les grands songwriters et ça se confirme avec le morceau éponyme qui a tout pour se confondre avec une chanson de Springsteen. On retrouve néanmoins la patte Vandaveer, dans la sobriété de Love Is Melancholy, But It’s All We’ve Got qui s’apparente à Woolgathering ou la ballade folk A Little Worse For The Wear. Plus inhabituel, Mark Charles Heidinger délaisse la guitare pour le piano et une ambiance aux airs de cantique sur Absolutely Over The Moon.
The Wild Mercury est un bon album, mais juste un bon album. Il s’écoute facilement mais il lui manque peut-être ce petit truc qu’avaient jusqu’ici les productions de Vandaveer et qui les rendaient indispensables à nos yeux sans qu’on sache dire pourquoi. Mais c’est un léger bémol, atténué par la présence de compositions de très haut vol, où comme toujours le duo vocal fait tout. On pense à To Be Young, To Belong et ses fantômes ou alors à A Pretty Thin Line qui conclue le LP. Même si l’on sent une petite baisse de régime, l’honnêteté du groupe pour faire cet album reste intact et tout l’amour qu’on a pour Charles Heidinger et Rosie Guerin restera sans faille, notre regard se portant plus que jamais vers les terres du Kentucky et ses trésors musicaux.
Florian Antunes Pires