Rock/Garage/Post-Punk
Drag City/Modulor/2016
À l’image de feu son idole David Bowie, Ty Segall aime créer le mystère en ce qui concerne sa discographie. On ne voit jamais apparaître clairement son visage sur les pochettes de ses albums et le blondinet aime surprendre son public en ne faisant jamais deux fois le même disque. En ce qui concerne Emotional Mugger, Segall s’est amusé à créer tout un univers avec en premier lieu une fausse publicité pharmaceutique, puis un clip torturé où il arbore cet affreux masque de bébé et enfin un court métrage du même nom que le disque digne d’un film d’horreur des années 70. Quel mystère renferme donc ce nouvel opus ?
Pour ce neuvième effort Ty Segall prend des risques. Résonnant davantage post-punk que garage, la galette a de quoi étonner. Il faut dire que le garçon a su plutôt bien s’entourer. Outre Mikal Cronin à la basse que l’on connait déjà, on retrouve également Cory Hanson de Wand aux claviers et surtout Kyle Thomas alias King Tuff à la guitare. Ce qui marque d’emblée c’est la production en stéréo qui sans être négligée est à mille lieux de celle de Manipulator. Dès le premier morceau Squealer, on sent le contrepied. Rythmiques cabossées, synthés omniprésents, voix trafiquées, Ty Segall nous propose un album déstructuré. Les titres à l’image du distordu The Magazine ou encore WUOTWS et ses expérimentations électroniques paraissent moins évidents qu’à l’accoutumée. Cependant on retrouve une poignée de morceaux aux riffs efficaces dont le surpuissant Diversion tout comme la fraicheur de Candy Sam qui devraient ravir les habitués du bonhomme.
Parfois difficile à suivre, Ty Segall réussit une nouvelle fois à nous étonner avec ce neuvième effort solo. Certains pourront être déstabilisés par cette nouvelle direction mais qu’ils se rassurent, le blondinet est sûrement déjà en train de composer un nouvel opus qui sera à l’opposé de celui-ci.
Johan Perrin