TNS – Jan Karski (Mon nom est une fiction) du 1er au 11 juin

Depuis le 1er juin, le TNS accueille une création d’Arthur Nauzyciel, qui adaptait pour la scène en 2011 le livre de Yannick Haenel, Jan Karski, paru chez Gallimard en 2009. Tiré de l’histoire vraie du résistant Jan Karski, la pièce est à la croisée de la danse, de la musique, des arts visuels et bien sûr du théâtre, Arthur Nauzyciel soulevant la question de la transmission de la mémoire de la Shoah, entre documentaire, autobiographie et fiction. Le théâtre, l’art au service du témoignage.

Jan Karski (Mon nom est fiction)

Jan Karski (Mon nom est fiction) – Photo : Frédéric Nauzyciel

Témoin, Jan Karski l’a été lui aussi. Ou a voulu l’être. Ce polonais catholique a été chargé de rendre compte auprès des Alliés de l’atrocité des camps nazis, ce dernier étant passé, clandestinement, par le Ghetto de Varsovie puis un camp d’extermination. Mais le message transmis à Roosevelt quelques mois plus tard restera sans suite. Le Rapport Karski ne trouvera aucun écho. Très vite, Jan Karski est confronté à la question de l’indicible et décide alors de se taire pendant quarante années, jusqu’à ce que Claude Lanzmann l’interviewe en vue de son film Shoah. « Je n’avais vu aucune pièce, aucun film, ce n’était pas un monde, ce n’était pas l’humanité », dira Karski de cet assourdissant silence qui fera suite aux camps de concentration.

Dans Jan Karski (Mon nom est une fiction) à voir en ce moment au Théâtre national de Strasbourg, Arthur Nauzyciel propose trois tableaux scénographiques, qui reprennent la structure du livre, nous transportant tout d’abord durant la seconde guerre mondiale, en 1942 à l’époque des camps – une partie basée sur l’entretien que Karski donnera à Claude Lanzmann -. Arthur Nauzyciel s’appuie ensuite sur l’autobiographie de Karski qui parait en 1944, à travers une vidéo conçue par l’artiste polonais Miroslaw Balka, avant de terminer par une fiction imaginée par Yannick Haenel, sorte de monologue intérieur qui retrace l’expérience de Jan Karski aux États-Unis – où il enseignera à l’université -. Là, c’est la colère qui l’emporte, devant l’abandon des Juifs d’Europe par les Alliés. « Le danger, aujourd’hui, est de minimiser cet événement par souci de simplification ou par peur de rivalités communautaires ou mémorielles », explique Arthur Nauzyciel. « Dans cette troisième partie, Yannick Haenel se pose la question de ce qui a hanté cet homme pendant ces quarante ans, quand il y a ce sentiment de ne pas avoir été entendu ». À travers l’utilisation de voix off, de la vidéo et de la danse – la femme de Karski, Pola Nirenska, était une chorégraphe polonaise -, Arthur Nauzyciel met à distance l’innommable, conçoit un théâtre citoyen, politique, qui se veut moteur de débat, posant notamment une question, essentielle, « quelle place l’art ou le théâtre peuvent prendre dans cette transmission ».

Jan Karski (Mon nom est une fiction), Théâtre national de Strasbourg (Salle Koltès), du 1er au 11 juin 2016
http://www.tns.fr/jan-karski-mon-nom-est-une-fiction

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