Il revient ! Suite au succès d’une excellente première édition l’an dernier, le Swamp Fest, sur l’aérodrome de Thise, est de retour pour une cuvée 2019 préparée par l’association Heavy Gators. Le festival creuse une fois encore le sillon – boueux – d’une manifestation qui fait la part belle au rock et au blues.
Une chose est sûre, c’est que le Swamp Fest ne fait pas mentir son nom. Référence aux marais humides et infestés de caïmans, le festival oriente sa programmation vers un rock, certes varié selon ses différentes déclinaisons, mais qui nous transporte le plus souvent vers des climats pas vraiment tempérés. Les atmosphères lourdes et orageuses sont au programme, mais aussi de fréquents retours dans le passé, à l’image des Money Makers, convoquant les grandes heures du rock’n’roll des années 50. On y retrouve les lignes de piano sautillantes de Fats Domino, les riffs piquants de Chuck Berry, et on aurait presque envie de troquer nos lecteurs mp3 tout moches contre un juke box éclairé aux néons et tout en rondeurs, certes bien plus encombrant, mais tout de même bien plus joli. Le Swamp fait aussi une place au surf rock, cette musique popularisée par Dick Dale dans les années 60, où la guitare, très présente et baignée dans la reverb, se veut particulièrement loquace, et où les musiciens ne se privent généralement pas pour en rajouter dans les accoutrements. C’est le cas avec Cannibal Mosquitos qui se présentent sur scène accoutrés… en moustiques cannibales bien sûr.
Quant au Reverend Beat Man, c’est avant tout plus de trente années d’activisme musical, ce citoyen suisse ayant créé le label Voodoo Rhythm Records. Avec les Monsters ou seul en scène, l’artiste a publié plus de 50 galettes depuis 1987… Chez Beat Man, le rock est trash, le blues aussi, et son gospel a davantage à voir avec des bacchanales sataniques qu’avec une messe bien propre sur elle, une partition qui ne dépareillerait pas dans un film gore, tendance série Z.
Les Suisses de One Rusty Band feront aussi le déplacement avec sous le bras un nouvel album tout beau tout chaud, qui devrait faire honneur une fois encore à ce duo composé d’un one man band – guitares trafiquées, perçus, voix, harmonica, le bonhomme sait tout faire – et d’une danseuse de claquettes circassienne (!!!) qui apporte une dimension visuelle et pour le moins originale. One RustyBand évolue entre rock et blues, avec là encore une tendance à regarder dans le rétroviseur, des fifties aux seventies.
Le trio nancéen Hoboken Division nous gratifiera de son blues rock qui aime les ambiances noisy, en clair-obscur, fleurant bon les States et les grands espaces, agrémenté d’une voix féminine qui s’intègre à merveille aux riffs et à la section rythmique hypnotiques. Quant aux trois musicos de RuffMajik, ils débarqueront de leur Afrique du Sud natale pour nous présenter leur dernier opus sorti en mai, Tårn, étonnante galette où s’agrègent du stoner puissant, du punk tendance psycho, et même du heavy, du doom, du black metal… C’est foutraque et possédé de bout en bout, un rock épileptique jailli tout chaud des enfers. Le Swamp se fait décidément international cette année puisque Them Dirty Roses nous arriveront tout droit des États-Unis pour un « Southern Rock » bien comme il faut, des histoires de whisky et de cocaïne, quatre garçons de la campagne qui font honneur à des formations telles que Lynyrd Skynyrd, un country rock blond comme les blés à découvrir à Thise ! Citons encore The Moggies, qui eux nous viennent d’Italie, formation néo-rockabilly à découvrir. Quant au duo Henry’s Funeral Shoe, ils débarqueront du Pays de Galle, deux frangins adeptes de blues, de pop et de rock.
On retournera aussi, à plusieurs reprises, aux temps bénis du blues. Ce sera notamment le cas avec The White Rattlesnake, duo qui mêle métal et… delta blues, le marteau piqueur du métal et le côté graisseux du bon vieux blues ! Les adeptes de la musique du diable retrouveront également avec plaisir l’Américain Tomcat Blake, exilé dans le Jura, du blues old school dans la plus pure tradition. En parlant de notre verte contrée, l’association Heavy Gators a convié d’autres formations de la région, au nombre desquelles The Fre3 Bastards, trois énervés qui œuvrent dans le champ du heavy rock. On retourne au blues avec Fat Jeff, seul en scène avec sa guitare qu’il caresse ou maltraite – selon les cas – avec son bottleneck. On poursuit le voyage dans le temps avec Hipshakers, dont le blues tire sa moëlle de grands noms tels Freddie King, Otis Rush et bien d’autres.
– Dominique Demangeot –
Swamp Fest, Thise, Aérodrome, 6 et 7 septembre – swamp-fest.com