Monkeywrench Records / 2015
ROCK
Les supergroupes sont presque une tradition à Seattle, ville où tous les musiciens se connaissent et jouent ensemble officiellement ou non depuis leurs premières armes. Temple Of The Dog ou Mad Season sont quelques exemples de ce genre de formation. Ou alors quand cela ne débouche pas sur un album complet, on peut retrouver le temps d’une piste ce style d’exercice, comme lorsque Chris Cornell (Soundgarden) et Mark Arm (Mudhoney) rejoignaient Alice In Chains sur Sap pour la chanson Right Turn sous le nom d’Alice Mudgarden.
Ten Commandos est la finalité d’un projet lancé en 2008. Les forces en présence sont Matt Cameron (Pearl Jam/Soundgarden), Ben Sheperd (Soundgarden/Mark Lanegan Band), Alain Johannes (Queens Of The Stone Age/Mark Lanegan Band) et Dimitri Coats (Burning Brides/Off!). Le résultat est alors un album forcément rock, qui porte la trace d’une autre époque nommée les nineties, et où on reconnait dès la première écoute la patte de chacun. En effet le son général du disque n’est pas sans rappeler l’atmosphère heavy de Badmotorfinger et de Superunknown, quitte à ce qu’un morceau comme Outermost Sky soit très proche de Limo Wreck de Soundgarden. Autre cousinage proche, Four On The Floor aurait pu tout aussi bien être une compo de Jerry Cantrell, si ce n’est son riff de guitare qui semble tout droit sorti d’une production du combo de Josh Homme. Peu importe, cela reste très cohérent et aucune pression ne ressort de ce premier album éponyme et où de toute façon on ne cherchera même pas à faire la leçon à ces vieux baroudeurs. Le boulot est fait et Ten Commandos sonne presque tout de suite comme un classique. Le quatuor offre alors des titres allant du blues (Aware) au stoner (Sketch 9), en passant par une touche orientale (You Might Forget), invite la chanteuse de soul Nikka Costa ou le guitariste Peter Frampton (oui, celui dont Wayne Campbell a reçu le disque dans sa boite aux lettres en même temps que des échantillons de lessive). Et Mark Lanegan vient en bon pote sur le single Staring Down The Dust pour un exercice vocal qui change de son habituel timbre éthylotabagique.
Projet ponctuel seulement ou qui appellera une suite, ce side project montre quoiqu’il en soit un groupe de musiciens qui a su se trouver et créer un album heavy qui va nettoyer bon nombre d’esgourdes.
– Florian Antunes Pires –