L’Écrin invite Le Théâtre du Temps Pluriel, basé à Nevers, à présenter son adaptation très personnelle d’une courte opérette en un acte de Jacques Offenbach, créée en 1873 et qui mêle légèreté et mélancolie.
Photo : Christophe Vootz
Sur un livret de Ludovic Halévy et William Busnach, Pomme d’Api nous présente Amilcar Rabastens, riche rentier approchant de la cinquantaine. Ce dernier désapprouve la liaison de son neveu Gustave avec une jeune fille, Pomme d’Api, et l’enjoint à se lier à Catherine, sa nouvelle servante. Mais cette dernière n’est autre que… Pomme d’Api qui s’est déguisée pour regagner le cœur de son jeune amant qui vient de l’éconduire. « À l’époque de la création de Pomme d’Api, Offenbach approche de la soixantaine et la guerre l’a beaucoup affecté », souligne le metteur en scène Olivier Broda. « Est-ce pour cela qu’il met en scène un homme vieillissant qui doit céder la place à la jeunesse triomphante, dont il n’est plus membre ? »
La pièce se déroule à un tempo pour le moins soutenu, les personnages rentrant et sortant de scène comme dans les vaudevilles, le tout rythmé par une pianiste/comédienne, d’autant que « des trouées de surréalisme truculentes viennent ponctuer cette fantaisie annonçant Labiche et Ionesco », dit encore Olivier Broda. Le metteur en scène souhaite réinterroger la forme de l’opérette pour la faire résonner avec notre époque, ou plutôt avec celle des années 1960. Le Théâtre du Temps Pluriel évoque en effet les films de Jacques Demy comme principale influence pour « [explorer, comme le réalisateur dans ses films, la météorologie sentimentale de la société dans une dissection sociale acérée ». Entre « enchantement et désillusion, légèreté apparente et gravité sous-jacente ». Cette adaptation soulèvera également la question du désir (stéréotypé ?) dans nos sociétés modernes.
– Marc Vincent –
Pomme d’Api, Talant, L’Écrin, 21 octobre à 20h
lecrin.talant.fr