En mai dernier paraissait le nouvel album des Toulousains d’Awek. La formation était venue jouer dans la région, aux côtés de l’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté il y a trois ans, mêlant musique classique et blues. Cette fois c’est une date 100 % blues que nous offrira Awek le 12 octobre à l’Écrin de Talant, partageant la scène avec l’Américain Kirk Fletcher. Bernard Sellam, chanteur guitariste, évoque pour nous le nouvel album.
Après plusieurs disques enregistrés aux États-Unis, vous êtes restés en France pour ce nouvel opus, baptisé sobrement Awek.
Oui le précédent était enregistré en Californie, et c’était super parce qu’on a rencontré des musiciens américains qu’on a fait venir. Là cette fois ça n’a pas été possible, mais on en a tiré un bon parti aussi, parce que ça nous a permis de jouer avec notre matériel. Moi en tant que guitariste j’ai joué avec quatre guitares différentes, et quand je vais aux États-Unis je n’amène pas quatre guitares. Il va y avoir plusieurs amplis, le batteur va amener plusieurs caisses claires, et puis surtout ce sont des instruments qu’on connait bien.
Comment s’est déroulé l’enregistrement ?
On s’est fait deux séances, et on a même réenregistré six mois plus tard des morceaux qu’on avait faits dans la première séance. Au milieu il y avait la pandémie, les couvre-feux et c’était pas simple. On a pris notre temps et je pense que ça s’entend.
Le mastering a pourtant été effectué à Austin.
Oui celui qui a le studio là-bas c’est Nicolas Leophonte, un Toulousain, musicien chevronné qui a son propre studio, batteur des Fabulous Thunderbirds. Quand on est allé enregistrer à Austin, les deux fois c’est lui qui nous avait produits. Il a trouvé le studio, assistait aux séances, nous dirigeait. Et surtout c’est lui qui a choisi les bonnes prises, assisté l’ingénieur du son. Il y a beaucoup de musiciens américains qui viennent à Austin pour le blues et tout ce qui tourne autour. On a voulu travailler avec des gens qui font partie de notre cercle, pour donner le résultat le plus « Awek » possible !
Au bout de dix albums, c’est plus facile les enregistrements ?
Non c’est plus difficile parce qu’il ne faut pas refaire la même chose ! Pour tous nos disques quasiment, on avait un invité au piano et là on s’est dit qu’on ne serait que nous quatre, Awek tel que les gens nous voient sur scène. De la même façon on a voulu que ce soit une personne du groupe qui mixe. J’ai fait le mixage et ce disque sonne vraiment comme je l’entends, avec le bon niveau de batterie, d’harmonica…
Aviez-vous déjà participé au Talant International Blues Festival ?
C’est la troisième fois qu’on y vient. C’est un festival important, qui a toujours une belle programmation, un beau panachage entre Américains et Français. Ça fait plaisir de savoir qu’en Bourgogne il y a un public pour le blues !
Comment se porte la scène blues en 2021 selon vous ?
Au niveau des musiciens il y a une vraie relève, c’est au niveau du public que ça a vieilli ! Des associations comme France Blues essaient de développer le blues en France. Elle va chercher des idées, des moyens financiers, envoyer des groupes nouveaux à Memphis, et tous les ans à l’International Blues Challenge et à l’European Blues Challenge, initier les plus jeunes générations à cette musique-là. Ça va être sauvé par les jeunes musiciens qui vont amener leur public. Quand j’ai commencé à écouter du blues, j’écoutais Ray Charles et il avait l’âge de mon grand-père quasiment ! Je ne vois pas pourquoi un jeune de vingt ans ne pourrait pas écouter BB King ou même Jimmie Vaughan qui pourrait être son grand-père !
Propos recueillis par Dominique Demangeot
Awek + Kirk Fletcher, dans le cadre du Talant International Blues Festival #8, Talant, L’Écrin, 12 octobre à 20h
Lien vers la version du magazine en ligne : https://issuu.com/diversions/docs/diversions-octobre-2021-besancon-dijon
lecrin.talant.fr – jagoblues.com