Sylvain Frécon est de retour, au dessin et au scénario, avec son trio de mémés qui ont décidé dans ce nouveau tome que décidément, « mourir peut encore attendre ». On ressort les caddies et les déambulateurs pour retrouver Huguette, Lucette et Paulette, sous le trait aiguisé et irrévérencieux d’un nouvel auteur prometteur chez Fluide Glacial.
Ce tome 2 des Mémés propose une succession de savoureuses saynètes, et l’on suit les trois grâces dans leurs (més)aventures quotidiennes sur le trottoir, dans les bistrots ou à leurs domiciles. Leur âge plus qu’avancé ne les a pas rendues politiquement correctes pour autant, et Frécon n’a pas son pareil pour dédramatiser un âge de la vie sur lequel on porte, généralement, un regard attendri, compatissant, voire désespéré! Mais avec Les mémés, tout y passe: la sexualité, la littérature, avec une tendance certaine à la scatologie, et de manière générale les thèmes au-dessous de la ceinture. À un âge où la gravité terrestre rappelle le corps à l’ordre, les trois personnages ne se formalisent pas, et ne sont jamais les dernières lorsqu’il s’agit de lancer une vanne ou se payer la tête de quelqu’un.
Si Huguette, Lucette et Paulette tiennent (plus ou moins bien) l’alcool, elles ne semblent pas s’être résignées à attendre la grande faucheuse. Cette dernière semble par ailleurs avoir adopté la mode des claquettes-chaussettes… Avec son humour noir, Frécon parvient à dédramatiser des sujets aussi sensibles que la solitude, le veuvage… jusqu’à la coloscopie ! Après un tome 1, Chroniques des âges farouches, sorti en février 2021, Frécon n’a rien perdu de sa verve et semble apprécier la compagnie des trois vieilles dames. Nous aussi et l’auteur a bien raison lorsqu’il affirme que « la vieillesse est un naufrage » est un dicton à la con !
– Dominique Demangeot –