FOLK
Asthmatic Kitty/Differ-Ant
On aura été quelques-uns à savourer sans modération les disques de Sufjan Stevens, songwriter important des années 2000. Cependant, à force de projets récents aussi variés qu’imparfaits (The BQE, spectacle sur la ville de New-York, le pénible The Age Of Adz, le projet hip-hop électro Sisyphus avec Son Lux et Serengeti, des chansons de Noël), certains des plus fervents auront pu perdre leur foi en Sufjan Stevens. Qu’on se le dise, à l’approche de ses 40 ans, Sufjan Stevens signe avec Carrie & Lowell l’un des albums les plus touchants de ces dernières années.
Touchant, d’une part parce qu’il s’agit d’un disque autobiographique qui évoque entre autres le décès de sa mère en 2012. Touchant, d’autre part, car il n’est composé que de titres à l’épure soignée. On l’avait connu plus généreux en arrangements (les albums Michigan et Illinois), Sufjan Stevens joue ici la carte du dénuement. En plus d’être passé maitre dans l’art de nous tirer des larmes, il reste un conteur d’histoires hors-pair, évoquant ici son enfance, ses parents, sa vie amoureuse. Au fil de chansons jouées à la guitare acoustique, dont les voix sont souvent doublées à la manière d’Elliott Smith, et au clavier à la façon des minimalistes, l’Américain nous ouvre les portes de cet univers cotonneux, nostalgique et certes mélancolique, dont Fourth Of July, Death With Dignity ou No Shade In The Shadow Of The Cross sont les guides idéaux.
– Simon Grangereau –