BLUEGRASS
Thirty Tigers Records
Après les digressions psyché punk de Sound & Fury en 2019 (bande son tonitruante d’un film d’animation présenté en parallèle sur Netflix), Sturgill Simpson revenait sur terre l’an dernier, coincé comme beaucoup lors de cette satanique année 2020, et prenant le temps d’enregistrer un premier puis un deuxième volume de Cuttin’Grass.
Sur ces deux albums, publiés respectivement en octobre et en décembre 2020, Butcher Shoppe Sessions et The Cowboy Arms Sessions (du nom des studios où ils ont été enregistrés), le principe reste le même : une relecture du répertoire de Sturgill à la sauce country/bluegrass. En compagnie des Hillbilly Avengers (Stuart Duncan, Mike Bub, Sierra Hull, Scott Vestal, Tim O’Brien and Mark Howard, des pointures dans le domain), l’artiste a évidemment immortalisé ces deux volées de folles sessions chez lui, dans la Mecque de la country à Nashville. Sur le premier LP, on retrouve pas mal de matériel des trois premiers albums de l’artiste (High Top Mountain, Metamodern Sounds in Country Music et A Sailor’s Guide to Earth). Sur le volume 2, c’est surtout ce dernier opus, datant de 2016 et ayant remporté le Grammy Award du meilleur album country, qui est évoqué. On y retrouve là encore des inédits qu’apprécieront les fans : Tennessee et Hobo Cartoon, co-composé avec le regretté Merle Haggard, est un petit diamant d’hommage à la musique country.
Difficile de tout citer de ces vingt puis douze titres enregistrés rapidement, dans un esprit très live. All The Pretty Colors, Life Of Sin, Railroad Of Sin et bien d’autres vous feront danser jusqu’au bout de la nuit. A d’autres moments, les musiciens lèvent le pied, et là encore Sturgill et ses boys sont plus que convaincants comme sur le mystique Jesus Boogie, ou encore Oh Sarah, love song mélancolique… Le volume 2 a été aussi l’occasion pour le musicien d’enregistrer ce qu’il n’avait pas osé faire sur le premier disque, du propre aveu de l’artiste qui commençait vraiment à se sentir bien avec ce nouveau groupe. « Finalement je pense que je suis vraiment un compositeur bluegrass », conclut Sturgill Simpson, et on ne va pas le contredire à l’écoute de ces deux petites perles country ! Cette relecture de ses morceaux montre combien le chanteur a toujours été influencé par la musique country, et le bluegrass en particulier. On redécouvre également ses morceaux sous une forme acoustique, ce qui est souvent un bon moyen d’apprécier les compositions débarrassées d’une production par trop envahissante parfois. Et ma foi, autant dire que le bonhomme a du talent à revendre.