À Pékin, le prince qui parviendra à résoudre trois énigmes remportera la main de Turandot. Dans le cas contraire, il mourra. Calaf, prince étranger en exil, tente sa chance lui aussi, fasciné par la princesse.
Dans cette fable orientaliste de Giacomo Puccini, la fille de l’empereur de Chine a juré de rester sans époux pour venger son aïeule assassinée par le prince des Tartares. Après la mise en scène de Madame Butterfly à l’Opéra national de Lorraine en 2019, Emmanuelle Bastet s’attaque au dernier opéra du maître italien, à l’invitation du directeur de l’OnR Alain Perroux. Son défi : « essayer de faire émerger une intériorité et une sensibilité qui semble à première vue assez éloignée des enjeux de l’œuvre, tout en maintenant la dimension fantastique et la force dramatique. » Turandot tient en effet davantage du conte fantastique que de l’opéra historique. La metteuse en scène s’est notamment penchée sur la figure de Turandot, « icône fascinante et effrayante ».
Elisabeth Teige et Arturo Chacon Cruz (Turandot et Calaf)
Image de répétitions – Photo : Klara Beck
On retrouve dans cet opéra une thématique très contemporaine : « l’idée du virtuel, de la puissance de l’image et de la manipulation », mais aussi le concept de foule, tour à tour voyeuriste et violente. L’adaptation donne à voir une grande ville moderne où les écrans sont omniprésents, et où la mise à mort est devenue un spectacle. Mais au-delà du caractère cruel et autoritaire de Turandot, Emmanuelle Bastet a souhaité également traverser l’armure qu’elle s’est construite. « Son pouvoir est finalement très limité. L’autorité et la toute puissance sont avant tout incarnées par la figure de l’Empereur. Alors même qu’elle supplie son père de ne pas la céder au prince étranger, celui-ci la contraint sans ménagement à s’unir à lui. » Les énigmes sont le moyen trouvé par la princesse pour se protéger.
– Paul Sobrin –
Turandot, Opéra national du Rhin, Strasbourg, Opéra, du 9 au 20 juin, Mulhouse, La Filature, 2 et 4 juillet
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