C’est dans le cadre du festival Musica que l’Opéra national du Rhin ouvrira ses portes sur cette nouvelle saison 2017-2018 qui, partant d’un art lyrique 2.0 se mêlant aux nappes électroniques de Philippe Manoury avec Kein Licht, pour évoquer la catastrophe nucléaire de Fukushima, nous offrira l’occasion de bien d’autres voyages, du Japon à la Russie.
L’OnR s’offre également non pas une mais trois soirées d’ouverture, à Strasbourg tout d’abord les 27 et 28 septembre au Palais de la Musique et des Congrès – salle Érasme – puis à Mulhouse, à la Filature le 7 octobre. Le chef d’orchestre Jérémie Rhorer dirigera ici l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, accompagné par les Chœurs et le Ballet de l’OnR, ainsi que des chanteurs Vannina Santoni, Alexia Voulgaridou, Scott Hendricks, Abdellah Lasri sans oublier des artistes de l’Opéra Studio. L’occasion pour le public de se voir proposer des extraits des œuvres qui seront données durant la saison… voire dans les prochaines années.
En octobre et novembre, Le Nozze di Figaro débuteront la saison lyrique de l’Opéra national du Rhin, opera buffa en quatre actes inspiré de La Folle Journée ou le mariage de Figaro, de Beaumarchais. Autour du sentiment amoureux, l’œuvre créée à Vienne en 1786 n’a rien perdu de sa vitalité, dans laquelle éclate toute la fougue d’un Mozart qui atteint sa trentième année, et semble capter sur sa partition – interprétée ici par l’Orchestre Symphonique de Mulhouse – tour à tour enjouée et inquiète, les troubles de l’époque qui mèneraient quelques décennies plus tard à la Révolution française et au-delà, à l’avènement d’un monde nouveau. Mais parallèlement aux grandes pièces incontournables, l’OnR s’attache aussi à nous faire (re)découvrir quelques joyaux de l’art lyrique à l’image de Francesca da Rimini, opéra en quatre actes de Riccardo Zandonai que ce dernier créait au Teatro Regio de Turin en 1914, s’inspirant à la fois de Wagner et de la tradition italienne. Ici l’amour règne toujours, mais sur un mode plus tragique, à savoir la relation mortifère entre Francesca et Paolo, que Dante décrira si bien dans l’Enfer de sa Divine Comédie. Cette histoire d’amour adultère, que les deux amants expient dans le Cercle de la Luxure, condamnant les âmes ayant répondu à leurs appétits charnels à y errer sans fin, s’inspire de faits réels, les deux personnages de Francesca et Paolo ayant existé.
Le pont entre 2017 et 2018 sera assuré par Mouton, œuvre de théâtre musical mise en scène par Sophie Kassies. Monteverdi croisera Purcell et Haendel dans cette pièce contemporaine, créée en 2005 aux Pays-Bas. Le jeune public ira à la rencontre de l’univers baroque des trois compositeurs cités plus haut, avec en thématique centrale la quête d’identité. Et dieu sait que le mouton se voit souvent attribuer ce défaut de suiveur sans cervelle ! Mais celui que nous présente Sophie Kassies rencontrera cependant un prince en fuite qui va bouleverser son destin.
Entre opéra français – avec Jules Massenet traduisant en musique le destin tragique et romantique du jeune Werther (février-mars) -, et allemand, à l’image d’une trilogie associant des pièces de Schönberg et Weill dans un univers de cabaret (mai-juin), l’Opéra national du Rhin proposera une fois encore des esthétiques diverses. Il faut dire que l’art lyrique sait nous faire voyager, au Japon sur les traces de Yukio Mishima qui nous fait rencontrer dans Le Pavillon d’or un jeune moine bouddhiste mettant le feu à un temple. Toshiro Mayuzumi créait cet opéra mystique, avec une présence importante des chœurs, en 1976. On pourra découvrir cette pièce en mars et avril à l’occasion de la première édition du festival Arsmondo. Le voyage toujours, avec Sindbad, A Journey Through Living Flames, d’Howard Moody, opéra pour le jeune public à découvrir en avril, créé en 2014 au Théâtre Royal de La Monnaie de Bruxelles. Nous y rencontrons également la belle et intrépide conteuse Shéhérazade. Un périple qui sera aussi celui des enfants qui accompagneront sur scène les chanteurs de l’Opéra Studio ! C’est enfin l’âme russe qui planera sur la fin de saison, en proposant en juin et juillet 2018 Eugène Onéguine. Tchaïkovski s’attachait ici à transposer sur une scène de théâtre le duel tragique opposant deux amis, Lenski et Onéguine, tiré du roman de Pouchkine. Dans ce classique du romantisme russe, l’auteur mettait en scène une bourgeoisie désabusée. Pour ajouter au mythe suscité par ce roman, son auteur trouvera lui-même la mort lors d’un duel, un mois après la publication de son livre.
– Marc Vincent –
Programme complet de la saison de l’OnR : www.operanationaldurhin.eu