Articles publiés à l’origine dans l’édition d’avril 2017 du journal Diversions (consulter le PDF ici)
Claude Duparfait est de retour au Théâtre National de Strasbourg et retrouve Thomas Bernhard, pour mettre en scène sa nouvelle création en adaptant L’Origine et La Cave, les deux premiers volets de l’autobiographie de l’auteur autrichien. Une adaptation qui propose un portrait démultiplié de l’écrivain, différent de l’auteur provocateur tel qu’on le connait, très critique vis-à-vis du national socialisme notamment.
Dans son autobiographie, Thomas Bernhard se dévoile en effet davantage, moins sarcastique. À la fin de la deuxième guerre mondiale, il se trouve dans un internat national-socialiste, au moment où les alliés bombardent Salzboug, ville qui « dérange, disloque, détruit toute nature ». À l’issue de la guerre, l’internat passe à l’enseignement catholique, envers lequel l’auteur ne sera pas plus tendre. Thomas Bernhard se rend ensuite dans la banlieue de Salzbourg pour y entrer comme apprenti dans un magasin de comestibles de la cité de Scherzhauserfeld, « quartier de terreur absolue de la ville ».
Si des scènes emblématiques des romans, comme celle du cagibi à chaussures dans laquelle Thomas Bernhard s’enferme pour jouer du violon, sont incluses dans la pièce, Claude Duparfait a souhaité mettre également en place des moments plus abstraits. « J’ai pris quatre acteurs avec moi et métissé les générations », explique-t-il. Claude mélange aussi les genres puisque le rôle de Bernhard pourra être interprété aussi bien par des hommes que par des femmes, chacun portant une facette de l’auteur. « J’ai envie de faire plusieurs Bernhard ». Parallèlement aux récits qui traitent de la guerre, Thomas Bernhard développe en outre toute une philosophie en évoquant Montaigne notamment. Le titre de la pièce est tiré quant à lui d’un discours de l’auteur donné à l’occasion de la remise d’un prix littéraire, faisant référence à « une zone de trouble, de contraste », souligne Claude Duparfait, « alors que pour moi son écriture m’a toujours parue très chaude et quasiment brûlante ».
– Marc Vincent –
Le froid augmente avec la clarté, Théâtre National de Strasbourg, du 26 avril au 12 mai
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