Le cabinet d’arts graphiques du MAMCS fait peau neuve, et propose jusqu’au 29 mai une présentation renouvelée de ses collections d’arts graphiques et photographique. Deux nouveaux accrochages qui traitent tour à tour d’histoire sociale et de l’histoire de la photographie. Sont en effet présentées des œuvres autour des figures de la femme, de 1880 à 1920 pour la collection d’arts graphiques, ainsi qu’autour du mouvement pour la collection photographique.
Le rez-de-chaussée du cabinet d’arts graphiques propose ainsi au visiteur un « arrêt sur images ». Un voyage dans l’histoire de la photographie qui s’intéresse en particulier au mouvement, une notion tributaire des avancées techniques du procédé, dont on peut suivre l’évolution grâce à une large sélection de clichés issus des collections du musée. Du fait des temps de pause très longs au début de la photographie à la fin des années 1830, il était impossible pour les premiers photographes de capturer le mouvement sur leurs images. Il fallait même avoir recours à des techniques d’attachement, afin de garder le modèle le plus immobile possible… et le plus longtemps possible ! Au fil du temps, les techniques d’obturation gagnent cependant en vitesse, ce qui permet de saisir de plus en plus aisément le mouvement.
Vient alors une nouvelle étape dans l’histoire de la photographie avec la décomposition du mouvement d’un cheval au galop par Eadweard Muybridge. Ce dernier jetait alors les bases du futur cinématographe, consistant à faire défiler une succession d’images qui vont ainsi créer l’illusion du mouvement. Les possibilités offertes aux photographes deviennent presque infinies. Qu’il s’agisse de saisir un acrobate en plein envol, qui parait alors flotter dans les airs, ou d’obtenir des flous irréels, la photographie permet d’une certaine manière de suspendre le temps.
Au premier étage du cabinet d’arts graphiques, une autre thématique attend les visiteurs. De 1880 à 1920, l’évolution de l’image de la femme va de pair avec celle de la société. En pleine révolution industrielle, une certaine émancipation se fait jour. Les commissaires, Marie-Jeanne Geyer, conservatrice et Thierry Laps, assistant de conservation au Musée d’Art moderne et contemporain, évoquent pour la femme « de nouveaux espaces d’émancipation au sein de la ville moderne ». Elle commence en effet à sortir du foyer familial auquel on la cantonne, et de nombreux artistes vont témoigner de cela dans leurs œuvres. Le nouvel accrochage aborde différentes couches sociales, du monde ouvrier à la bourgeoisie et ses « élégantes ». L’occasion notamment de (re)découvrir ce que l’on appelle communément les petits métiers, dont la plupart sont aujourd’hui oubliés tels la plumassière – utilisation de plumes pour la confection d’objets et d’ornements vestimentaires -. Entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, Paris est la capitale mondiale du divertissement avec ses cabarets et ses théâtres. On y chante, on y danse et la femme devient un nouvel objet de convoitise, une icône qui n’est pas nécessairement synonyme de libération, comme le dénonceront plus tard les mouvements féministes. C’est donc une société en plein bouleversement que nous présente cette nouvelle présentation des collections d’arts graphiques du MAMCS.