Dans cette production définitivement familiale, créée en 2010 au Leipziger Ballett, Charlie Chaplin se voyait consacrer pour la première fois un ballet composé par le chorégraphe allemand Mario Schröder. L’œuvre entrée au répertoire de l’OnR en 2018 est de retour en décembre à l’Opéra national du Rhin.
Au-delà de la carrière hors du commun du monstre sacré du cinéma que fut Chaplin, le ballet éponyme, « biopic chorégraphique » comme le définit Bruno Bouché, directeur du CCN – Ballet de l’OnR, évoque le statut de l’artiste, sa capacité à nourrir nos imaginaires et nos réflexions mais aussi, parfois, ses combats face aux dérives totalitaires. Si les références cinématographiques mais aussi historiques sont nombreuses, la chorégraphie joue « pleinement la carte du contemporain », comme le rappelle encore Bruno Bouché.
Les repères visuels sont bien sûr présents : moustache, canne, chapeau melon… les attributs de Chaplin rentrés dans l’imaginaire collectif ne sont pas oubliés, mais la pièce explore également les différentes facettes de l’acteur, auteur et réalisateur d’origine britannique. Sur des musiques de Charles Ives, Samuel Barber, Benjamin Britten, Richard Wagner (sans oublier Charlie Chaplin !) entre autres compositeurs, la chorégraphie passe en revue les grandes étapes de la carrière de Chaplin mais aussi sa vie privée : ses amours et des moments plus sombres comme les accusations proférées à son égard lors de la chasse aux communistes aux États-Unis dans les années 1950. Parfois la chorégraphie fait intervenir, ensemble sur scène, Charlot et son double (Chaplin dans sa vie privée).
Mario Schröder, que le public français a découvert grâce à cette création, a souhaité par ailleurs redonner vie à quelques scènes restées célèbres dans l’histoire du cinéma (Le Dictateur, Les Temps modernes…), et bien évidemment l’humour demeure le fil rouge du ballet, Charlot oblige. Le chorégraphe, qui a d’ailleurs consacré son mémoire de fin d’année à l’acteur, le met en scène avec passion, d’autant que c’est le personnage de Charlot lui-même qui a donné à Mario Schröder l’envie de danser. La boucle est bouclée !
Marc Vincent
Chaplin, Strasbourg, Opéra, du 8 au 16 décembre
https://www.operanationaldurhin.eu/fr/spectacles/saison-2023-2024/dance/chaplin-1