HIP HOP PUNK
Rough Trade
Le duo originaire de Nottingham sort son sixième album, un électro-punk-hip-hop (oui tout ça) acide et enragé, illustration fidèle de cette gueule de bois de début d’année qui ne semble plus nous quitter, à mesure que les perspectives de réouverture des salles de concerts s’amenuisent.
Les deux membres du groupe, Andrew Fearn et Jason Williamson, s’entendent décidément comme larrons en foire lorsqu’il s’agit d’accorder les boucles sèches de l’un et les lyrics acides de l’autre. D’autant que l’actualité mondiale depuis une bonne année, entre le virus qui veut entrer dans nos corps, et la Grande-Bretagne qui est sortie de l’Europe, n’ont pas calmé, loin de là, leur énervement. À l’image du reste de leur discographie, l’art de Sleaford Mods ne s’alourdit d’aucune fioriture ni musiciens additionnels. Leur musique sent à plein nez le do-it-yourself et le vécu, et on a plus envie de faire pencher leur art du côté du hip-hop lo-fi que du rock. Même s’il est punk dans l’esprit, dans le sens où il démonte allègrement les bienséances et les bien-pensants, le propos de Sleaford Mods est davantage scandé qu’il n’est chanté, éructé qu’il n’est susurré. Glimpses déroule un riff de basse maigrelet et hypnotique, comme un Joy Division en moins électrique, Out There avance une rythmique hip-hop émaillée de noms d’oiseaux, des titres bruts de décoffrage pour plonger allègrement dans la réalité sociale de 2021 (« I wanna tell the bloke that’s drinking near the shop – That it ain’t the foreigners and it ain’t the fuckin Cov »).
Si le duo pratique comme à l’accoutumée l’autosuffisance, citons tout de même Amyl Taylor (d’Amyl And The Sniffers), présente sur Nudge It, pour pousser une petite gueulante sur ce morceau au riff de guitare déglingué. Autre invitée féminine, Billy Nomates, fraîchement débarquée de son Leiceister rural (et elle aussi farouchement anti-Brexit), pour tenir les refrains sur Mork’n’Mindy, qui dépeint le quotidien pas vraiment rose dans la famille de Jason (Mork et Mindy sont ses parents).
Car la plupart des histoires contées sur Spare Ribs, c’est du vécu ! Issus de milieux modestes dans l’ouvrière Nottingham, les deux zozos de Sleaford Mods parlent avant tout de leur propre expérience, et les deux artistes souhaitent en tous cas rester authentiques, comme ils l’insinuent sur Elocution, où leurs collègues musiciens en prennent pour leur grade («J’aimerais avoir le temps d’être un branleur comme toi»). Ambiance