Les 5 et 6 novembre derniers, la Ville de Belfort proposait au public un grand week-end d’inauguration afin de présenter sa salle des fêtes rénovée, dont la première inauguration avait eu lieu en 1918. En travaux depuis janvier 2016, le bâtiment, très utilisé, était attendu, puisqu’une manifestation s’y déroule en moyenne tous les deux jours. Très ancrée dans la vie belfortaine, la salles des fêtes accueillait d’ailleurs lors de sa réouverture un mur de post-its sur lesquels les visiteurs ont pu consigner leurs nombreux souvenirs dans ce lieu.
Le réaménagement de cet élément important du patrimoine belfortain, sous la responsabilité de l’architecte Jean-Christophe Muringer, ne fut pas une mince affaire, des travaux à hauteur de 3,1 millions d’euros qui ont permis de créer un accès PMR, ménager des sorties de secours réglementaires tels quatre escaliers permettant ainsi la réouverture du balcon au public. Une isolation complète a été également effectuée, tandis qu’un ingénieur acousticien a été sollicité pour des conseils sur le choix des matériaux, ici des panneaux en bois percé recouvrant de la laine de roche, offrant ainsi une belle acoustique, sans résonance. La salle des fêtes peut accueillir 1200 personnes au rez-de-chaussée, 250 personnes sur le balcon et 400 personnes au sous-sol. Cette rénovation a également permis de retrouver la salle d’origine et son esprit baroque, car elle avait été entièrement refaite en 1962, modernisée à l’époque au moyen de plafonds plats. Les Belfortains retrouvent aujourd’hui le plafond d’origine, rénové, ainsi que les courbes accueillantes du bâtiment et ses fioritures. Si la salle n’est pas inscrite à l’inventaire des bâtiments du patrimoine historique, son architecture n’étant pas caractéristique d’une époque précise, elle se situe cependant dans le périmètre des architectes. La municipalité n’avait donc pas l’autorisation de changer sa façade extérieure. Tous les éléments d’origine ont été conservés, à l’image de la fameuse porte en fer bien connue des Belfortains. Il a fallu tout de même changer la baie vitrée à l’étage, trop détériorée, et reconstruite à l’identique. « C’est un impératif des architectes des bâtiments de France, parce que quand on est à la Citadelle, on voit la salle des fêtes », nous explique François Curri, responsable du patrimoine bâti de la Ville de Belfort. Puisqu’on peut l’observer depuis un monument classé historique, on ne peut pas changer son aspect extérieur. Lors de cette rénovation, le travail a donc consisté à rester fidèle à l’esprit architectural du bâtiment initial, tout en incluant des éléments du 21ème siècle.
« Belfort dans son développement était concentré dans l’enceinte Vauban, sous l’autorité des militaires qui interdisaient de construire au-delà de l’enceinte », rappelle François Curri. « Lorsqu’on a été autorisé à sortir de l’enceinte, on a commencé à construire le quartier qui est autour de la salle des fêtes ». Avec ses immeubles de type haussmannien, la Cité du Lion prend alors des allures de petit Paris. « Les bourgeois de Belfort qui allaient souvent à Paris ont voulu refaire le même quartier plus modeste, et la salle des fêtes est le premier bâtiment qu’on a construit dans cet esprit-là ». Les travaux ont alors débuté en 1914, en lieu et place d’un ancien manège de cavalerie. Bals, combats de boxe, spectacles populaires, meetings politiques ont eu lieu dans la plus grande salle de Belfort avant que ne soit créée la salle de la Maison du Peuple. La salle des fêtes de Belfort retrouve aujourd’hui sa jeunesse, et accueille à nouveau, chaque semaine, de nouveaux événements.
Dominique Demangeot
> Diversions était présent à l’inauguration de la salle des fêtes de Belfort en novembre dernier