Ornans – Devenir Courbet au Musée Courbet

Cet hiver, le Musée Courbet se penche sur la jeunesse de Gustave, premières années quelque peu oubliées par les biographes. L’exposition nous invite dans l’intimité d’un peintre en devenir. Benjamin Foudral, directeur du Musée et du Pôle Courbet, nous parle de la constitution de cette exposition.

Devenir Courbet va notamment évoquer la montée du peintre sur Paris. Quelle période est couverte précisément ?
De 1835 quand il commence ses études d’art, à 1844 qui est la date de son premier succès au Salon, Autoportrait au chien noir. Ce sont les traits de son chien qui ont permis de redéfinir la date du tableau. La difficulté est que Courbet a totalement réécrit son passé par ce qu’il a publié, transmis à ses proches, datant de mauvaises années ses œuvres de jeunesse pour rehausser sa production. C’est tout cela qu’on réinterroge aussi pour nous approcher au plus près de la réalité.

Autoportrait au chien noir est l’une des œuvres les plus connues de cette période avec Le Désespéré. On y observe un jeune Courbet pour le moins déterminé…
Oui assez sûr de lui, un regard empreint de défi ! On s’intéresse à cette trajectoire, d’Ornans jusqu’à sa formation parisienne. Et cette question : comment ce fils de paysan de la Vallée de la Loue est devenu l’un des plus grands peintres de son temps.

Devenir Courbet au Musée Courbet

Gustave Courbet (1819-1877) – Le passage du gué – Vers 1843 – Huile sur papier marouflé sur toile – 26 x 22 cm – Ornans, Institut Gustave Courbet PGC 032.90 AGC © Institut Gustave Courbet, Ornans

Parmi plus de 80 œuvres et de nombreux documents d’archives, on pourra admirer sept autoportraits de jeunesse…
La dernière fois qu’ils ont été réunis c’était en 2007 lors de la grande rétrospective au Grand Palais à Paris et au Met à New York. Ce qui nous intéresse, c’est de comprendre comment ces autoportraits sont l’aboutissement de cette période qui va être décisive pour lui. À cette époque spécifique, la Restauration et la Monarchie de Juillet, l’artiste va acquérir un nouveau statut. Cette vocation de peintre est un peu plus admise, même en province. Courbet en est l’incarnation la plus flamboyante, car il va jouer toute sa carrière de cette trajectoire du paysan qui va fouler Paris de ses sabots, avec quelque chose de très revendicatif dans cette posture, qui fait écho à la nouvelle peinture qu’il va proposer, le réalisme.

Les archives consultées ont-elles permis de mieux suivre le parcours du jeune Courbet ?
Toute l’idée de l’exposition s’est précisée, grâce à un travail sur les archives locales mais pas seulement. Il y a cette idée totalement erronée : on répétait que Courbet était parti à Paris pour suivre comme ses parents le souhaitaient une formation en droit. Grâce à la découverte de son passeport on sait que non. Il y est écrit : « profession: peintre ». À 20 ans, il est mineur, pas encore étudiant aux beaux-arts et se considère déjà comme peintre, alors que, seul garçon de la famille, il était censé reprendre les terres de son père… À Paris, en quelques années, il a une trajectoire fulgurante, va tout apprendre en fréquentant des ateliers mais surtout les musées. Nous allons avoir les copies qu’il a réalisées devant les maîtres anciens, et notamment (c’est un événement) une copie d’après Le Christ de Guido Reni. Et nous avons le Guido Reni, ce très grand maître de la Renaissance, tableau conservé au Louvre et présenté dans l’exposition à côté de la copie de Courbet. On voit comment il va techniquement se construire pour devenir un peintre incroyable.

– Propos recueillis par Dominique Demangeot –

Devenir Courbet, Ornans, Musée Courbet, du 14 décembre au 20 avril
musee-courbet.fr

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