Deux œuvres sont au programme ce printemps, à découvrir en ce mois de mai à Chalon-sur-Saône, Besançon et Sochaux. Mahler, what else ! nous propose une incursion dans la musique viennoise à travers la quatrième symphonie du compositeur autrichien, mais aussi la trente-cinquième de son illustre aîné, le petit génie Mozart.
C’est un Wolfgang récemment installé à Vienne qui compose la trente-cinquième symphonie, qui prendra cependant la forme d’une sérénade dans un premier temps, ainsi composée de six mouvements. Salzbourg, où il était au service du prince-archevêque Colloredo, se rappelle à Mozart lorsque le nouveau bourgmestre de la ville, Sigmund Haffner, lui commande cette pièce en 1782. Après la sérénade commandée pour Haffner lorsque celui-ci était négociant, Mozart compose donc cette seconde sérénade en six mouvements. Mais la pièce prendra finalement la forme d’une symphonie en 1783 après qu’Haffner ait annulé sa commande, le compositeur supprimant la marche d’introduction et l’un des deux menuets. Le ré majeur est la tonalité en vogue à Salzbourg, et l’est aussi dans cette symphonie qui a marqué les esprits avec son premier mouvement au thème unique, et ses timbales tonitruantes. On trouve dans le dernier mouvement l’un des thèmes – l’air d’Osmin – du récent opéra de Mozart qui sera joué le même été 1783, L’Enlèvement au sérail, et qui lui vaudra un grand succès. Un dernier mouvement brillant qui devait être, selon les propres termes de l’impétueux Mozart, « joué aussi vite que possible ».
La Quatrième de Mahler est quant à elle une œuvre bien différente de ses deuxième et troisième symphonies, plus apaisée, plus brève aussi, et qui survient après une panne d’inspiration qui durera près d’un an et demi. Mahler commence à composer la quatrième symphonie à Hambourg en 1892, avant d’en reprendre l’écriture en 1899, alors qu’il est directeur de l’Opéra de Vienne. Il l’achèvera l’année d’après dans la forêt de Maiernigg en Carinthie. Cette quatrième symphonie s’inspire aussi des démons du compositeur, et en particulier de son enfance difficile, cernée par la mort. Sous des atours classiques, la symphonie déploie cependant une forme changeante. « J’ai voulu rendre le bleu uniforme du ciel. Parfois cela s’assombrit, devient effrayant et fantastique sans que le ciel ne bouge, mais c’est cela même qui nous fait subitement peur », écrira le compositeur, « une terreur panique, nous saisit au milieu du plus beau ». Gustav Mahler évoquera aussi à l’encontre de cette symphonie pleine de contrastes, une « danse macabre » ainsi qu’une « paix solennelle et chaleureuse ». Le dernier mouvement fait intervenir une soprano, sur un texte issu des Chants du cor merveilleux de l’enfant, recueil de chants populaires germaniques qui furent une grande source d’inspiration pour les poètes et les musiciens au XIXe siècle.
– Marc Vincent –
Orchestre Victor Hugo Franche-Comté, Mahler, what else ! –
Théâtre du Port Nord, Chalon-sur-Saône, 12 mai à 20h, La Mals, Sochaux, 13 mai à 20h, Théâtre Ledoux, Besançon, 14 mai à 16h
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