En février, le Victor Hugo s’intéresse aux légendes et aux fééries, mais aussi à la jeunesse puisque tous les artistes invités sont dans leur vingtaine ! Si Ravel sera à l’honneur ici avec deux pièces contrastées, l’une toute en sobriété, l’autre davantage enlevée, le public pourra également découvrir des œuvres moins connues à l’image d’un quintette à la configuration peu commune composé par Jean Cras.
Comme à chaque saison, le directeur artistique et musical du Victor Hugo, Jean-François Verdier, a donc à cœur de convier de jeunes artistes, en solo ou en formation, et ce sera une fois encore le cas en ce mois de février avec l’ensemble Le Bateau Ivre, quintet découvert par le chef lors d’un concours musical, alors qu’il faisait partie du jury. « J’étais tombé en admiration devant leur travail. D’abord ils sont formidablement cohérents dans leur façon de jouer », expliquait Jean-François Verdier lors de la présentation de saison de l’orchestre en juillet dernier. La formation, née en 2015, interprète notamment des pièces peu connues – et toujours par cœur ! -, à l’image de ce Quintette de Jean Cras que l’on pourra écouter à Besançon et Sochaux, une pièce qui a permis au Bateau Ivre de remporter en 2016 le premier prix d’honneur au concours international Léopold Bellan de Paris. « Ils ont aussi envie de montrer des musiques que les gens ne connaissent pas forcément », rappelle le chef, une volonté très présente également au sein de la formation franc-comtoise. Harpe, flûte et trio à cordes est par ailleurs une configuration peu courante que le public franc-comtois aura ainsi l’occasion de découvrir. Né à Brest en 1879, Jean Cras avait la particularité d’être à la fois musicien… et marin ! S’il obtiendra de nombreuses distinctions durant sa carrière militaire, il ne cessera pourtant jamais de composer. Son Quintette pour harpe, flûte, alto, violon et violoncelle, il le composera d’ailleurs sur un navire, le Provence, en 1928, dans un style rappelant Debussy – avec notamment les quelques touches orientales – et Saint-Saëns. Les quatre mouvements de ce quintette fluide et méditatif, parfois lyrique, évoquent des danses comme l’a confié le compositeur, partant des timbres de la flûte et de la harpe pour concevoir les harmonies et les textures. Le public retrouvera Jean Cras, puisque le Victor Hugo avait joué l’une de ses pièces la saison dernière, une œuvre mystère qui avait beaucoup plu à l’époque…
Ce programme des 20 et 21 février fera également intervenir le fameux Concerto pour la main gauche de Ravel, pièce plutôt mélancolique, voire sombre, que ce dernier composera entre 1929 et 1931, à la demande du pianiste autrichien Paul Wittgenstein qui avait perdu son bras droit au combat lors de la Première guerre mondiale. Issu d’une famille aisée, il en commandera également à d’autres compositeurs tels que Prokofiev et Britten. Le jeune pianiste Rémi Geniet viendra interpréter cette œuvre étonnante. « Rémi rêvait depuis longtemps de jouer ce concerto avec un orchestre français. Il l’a déjà joué et il trouvait qu’ailleurs ce n’était pas le sentiment français, avec la fluidité que l’on peut lui trouver, donc on espère lui apporter ça ! », confie Jean-François Verdier. De Ravel, on écoutera également la brillante symphonie chorégraphique Daphnis et Chloé, suite n°2, autrement plus enlevée et chaotique, « pour un très gros orchestre », ne manque pas de rappeler Jean-François Verdier, « pour un orchestre virtuose, rutilant et très tonique ». Le Victor Hugo n’oublie pas les créateurs d’aujourd’hui, et c’est pourquoi Jean-François Verdier a commandé une pièce au jeune compositeur Florent Nagel, Les Chants du rêve pour quintette et orchestre. Ce dernier, élève de Nicolas Bacri, devrait contribuer lui aussi à cet « esprit français » lors de ce programme Légendes et fééries à retrouver entre Sochaux et Besançon.
– Dominique Demangeot –
Orchestre Victor Hugo Franche-Comté, Légendes et fééries, Besançon, Kursaal, 20 février à 20h, Sochaux, La MALS, 21 février à 20h
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