> Article publié à l’origine dans le numéro d’avril-mai 2016 du journal Diversions Bourgogne – consulter ici –
Après la flûte et la harpe en janvier derniers, c’est au tour de la trompette d’être mise en avant par l’Orchestre Dijon Bourgogne à l’occasion de son dernier concert de la saison le 3 juin prochain. Un programme qui convie le soliste David Guerrier, pour partir à la découverte d’œuvres classiques et néo-classiques, dont deux qui posent « un regard respectueux et lucide sur les œuvres de leurs aînés », comme le souligne le chef de l’ODB, Gergely Madaras.
Pour clore sa thématique autour de la danse, l’ODB a choisi la suite pour orchestre, Pulcinella, avec lequel Stravinski retrouvait le style néo-classique. Pulcinella, « une découverte du passé […], un regard en arrière, certes, la première histoire d’amour dans cette direction-là mais ce fut aussi un regard dans le miroir », dira le compositeur de cette œuvre. Stravinski crée la partition pour Diaghilev, s’inspirant de l’œuvre de Pergolèse comme pour rompre avec la culture russe. Le compositeur empruntera également à d’autres musiciens italiens pour cette pièce qui traitait quant à elle de la figure de Polichinelle. De la musique de Pergolèse, Stravinski appréciait le caractère populaire et « son exotisme espagnol » qui le sous-tend. Pourtant le compositeur russe va apporter sa propre touche à l’œuvre, alors que Diaghilev souhaitait quelque chose de plus traditionnel, dans le style de l’époque de Pergolèse.
Le concert du 3 juin sera aussi l’occasion pour l’Orchestre Dijon Bourgogne d’accueillir le trompettiste soliste David Guerrier, avec le Concerto pour trompette de Haydn. Il s’agit de la première œuvre pour trompettiste soliste de l’histoire, à une époque où est inventée la trompette à clé, instrument plus complet que la trompette dite « naturelle » et qui permet de jouer toutes les notes de la gamme. Haydn y démontre toute la palette chromatique de l’instrument, tour à tour puissant, doux et virtuose… Le trompettiste de l’Opéra de la Cour d’Autriche Anton Weidinger, inventeur de l’instrument, demandera à son ami Joseph Haydn de composer un concerto pour sa trompette organisée. Il faudra quatre années à Weidinger pour être en mesure de présenter le concerto au public… Une pièce de choix pour les trompettistes !
L’ODB nous présentera enfin la Cinquième symphonie de Schubert, une œuvre que ce dernier compose à 19 ans en septembre et octobre 1816. Elle ne sera cependant créée en public que treize ans après la mort de son auteur. Surnommée « symphonie sans tambour ni trompette », cette pièce nécessite un effectif réduit : une flûte, deux hautbois, deux bassons, deux cors et les cordes. S’inspirant de la musique viennoise traditionnelle, l’œuvre semble en effet particulièrement réduite en comparaison avec la Quatrième Symphonie de Schubert dite « Tragique », composée la même année et davantage épique et ample. Cette Cinquième symphonie avance ainsi un langage harmonique simplifié, lorgnant vers Mozart.
– Paul Sobrin –
Orchestre Dijon Bourgogne, Aimez-vous la trompette ?, Dijon,
Grand Théâtre, 3 juin à 20h
www.orchestredijonbourgogne.fr