L’Opéra national du Rhin est l’une des premières structures culturelles à présenter sa prochaine saison en ces temps troublés. Des temps particulièrement difficiles pour le monde en général (et pour la culture en particulier), à laquelle l’OnR veut opposer le sentiment amoureux, thème phare dans l’art lyrique. Alain Perroux, nouveau directeur général, le fait remarquer d’emblée dans son premier édito. L’amour sous toutes ses déclinaisons, pour cette saison 2020-2021 à venir, initiée par Eva Kleinitz, et terminée par Bertrand Rossi, qui avait assuré l’interim suite à la disparition de cette dernière. « À l’heure où j’écris ces lignes, nous espérons pouvoir reprendre nos activités au début de la saison 2020/2021 », explique le nouveau directeur général. « C’est la raison pour laquelle cette brochure présente le programme tel qu’il a été planifié depuis de nombreux mois ».
Le nouveau directeur a fait également savoir que les prochaines saisons intégreront notamment des spectacles qui avaient été annulés lors de l’épidémie. Reste à savoir si l’automne se déroulera dans de bonnes conditions, ou s’il faudra là encore composer avec les mesures d’hygiène nécessaires pour faire face au virus. Dans l’attente, opérons un premier survol de cette saison 2020-2021 tant attendue, en commençant par le programme lyrique, une saison qui débutera par Solveig (L’Attente), du 19 au 23 septembre prochains dans le cadre du festival Musica. Il s’agira d’une adaptation du Peer Gynt d’Henrik Ibsen, par le romancier norvégien Karl Ove Knausgård et le metteur en scène espagnol Calixto Bieito. Ces derniers ont porté leur attention sur Solveig, séduite puis abandonnée par Peer Gynt. La fameuse Chanson de Solveig reste l’une des pièces maîtresses de l’opéra d’Edvard Grieg. La jeune femme y chante qu’elle attendra Peer Gynt, parti découvrir le monde, jusqu’à son retour.
Après cette parenthèse romantique, on embarquera pour un voyage cette fois biblique, du 16 octobre au 8 novembre, avec l’opéra que Saint-Saëns consacra à Samson et Dalila. L’amour et la politique s’y côtoient étroitement, Dalila séduisant Samson dans le but de lui raser la tête, et faire ainsi triompher son peuple. Dans ce conte biblique – qui sera ici modernisé -, c’est en effet la chevelure de Samson qui lui donne sa puissance.
Cet hiver, la saison sera propice (on l’espère) aux contes de notre enfance, et en particulier à la célèbre histoire des Frères Grimm, Hansel et Gretel, mise en musique par Engelbert Humperdinck. Les forêts peuvent être, aujourd’hui encore, des lieux où règne le sauvage, des endroits inquiétants qu’il faut pourtant parfois traverser coûte que coûte. Deux versions du conte seront présentées. La première, du 9 décembre au 10 janvier, fera intervenir Les Petits Chanteurs de Strasbourg – Maîtrise de l’Opéra national du Rhin, et l’Orchestre philharmonique de Strasbourg sous la direction de Marko Letonja. La seconde, du 12 décembre au 24 janvier, intitulée Gretel et Hansel, sera visible à partir de 5 ans. Le metteur en scène Jean-Philippe Delavault a souhaité mettre en résonance le conte avec nos préoccupations contemporaines, en matière d’environnement notamment. Ici ce sont la Maîtrise de Conservatoire de Strasbourg et l’Orchestre de la HEAR qui assureront la partition, sous la direction de Vincent Monteil.
La suite de la saison en 2021 nous réservera bien des surprises, de l’ultime bijou lyrique de Britten, La Mort à Venise, basé sur une nouvelle de Thomas Mann nous contant l’errance d’un écrivain, à une nouvelle production de Madame Butterfly de Puccini en juin 2021, en passant par Cenerentolina de Rossini en avril et mai prochains, opéra-bouffe adaptant le conte de Cendrillon. Les styles et les époques vont donc se succéder l’an prochain entre Mulhouse, Colmar et Strasbourg. La Cenerentola se réinvente pour cet opéra jeune public, avec quatre jeunes chanteuses et chanteurs accompagné.e.s d’un petit orchestre. Et on nous promet en prime des costumes étonnants ! Notons encore que le festival Arsmondo sera de retour en 2021, nous faisant emprunter cette fois un chemin qui nous mènera au Liban. A cette occasion, Hémon sera présenté en création mondiale. Zad Moultaka (musique) et Paul Audi (livret) adapteront pour la scène lyrique l’Antigone de Sophocle, basculant le point de vue du côté de son fiancé Hémon.
Le souffle lyrique nous portera enfin jusqu’au temps de la Renaissance avec Alcina en mai 2021, le plus international des compositeurs baroques, Haendel, adaptant cette histoire à Londres en 1735. Sur une île, Ruggiero rencontre une magicienne qui a une fâcheuse tendance à transformer son prochain en animal, en pierre ou en arbre… puisqu’il faut bien rêver un peu ! Retrouvez prochainement des focus sur les scènes programmations danse et récitals de l’Opéra national du Rhin.
Dominique Demangeot
Programme complet : www.operanationaldurhin.eu