ROMAN
Michel Lafon
Parution le 29 août 2024
Depuis l’an dernier, la Finlande fait partie de l’OTAN, décision faisant suite à l’entrée en guerre de l’Ukraine face à l’invasion russe en 2022. La coopération avait cependant débuté dès 1994, la petite nation ayant intégré le Programme de partenariat pour la paix (PPP). Il faut dire que le passif entre Finlande et Russie ne date pas d’hier. Dans son dernier roman, Olivier Norek revient sur une période clé de l’histoire finlandaise, lorsque cette dernière a dû faire face à l’invasion russe durant la Deuxième guerre mondiale.
Certes Olivier Norek délaisse pour un temps le polar, mais le romancier a conservé les mêmes armes pour nous conter l’histoire des Guerriers de l’Hiver. Roman à part entière au matériau historique solide, dans lequel l’auteur présente une petite communauté de soldats finlandais envoyés au combat, plusieurs jeunes habitants du même village se connaissant depuis l’enfance. La jeunesse finlandaise placée face à son destin. « Jamais un renard n’attaquerait un ours », raconte-t-on en Finlande et pourtant, suite à une mascarade de bombardement (une caserne russe soi-disant attaquée par des soldats finlandais, en réalité un coup monté du Kremlin), la Russie attaque sa frêle voisine.
La guerre met les hommes et les femmes à l’épreuve. « Pouvoir tuer ou devoir tuer ». Telle est la question. Question d’héroïsme mais aussi d’innocence perdue pour ces jeunes soldats qui vont passer brusquement de la fin de l’adolescence à l’âge adulte. Pas de demi-saison et un aller simple pour l’enfer blanc de la frontière russo-finlandaise. À l’image de ces grandes étendues blanches où prennent place les affrontements, « plus rien n’avait de sens ». La guerre induit une confusion des corps et des émotions. Au-delà du climat de tension permanente qu’il retranscrit si bien, l’auteur évoque aussi le régime stalinien et la suspicion permanente qu’avait instauré le Petit père des peuples, « fabrication d’une guerre » qui s’opère d’ailleurs dans les deux camps, entre rétention d’informations et renseignements distillés aux journalistes par des « officiers de propagande »…
Marc Vincent