Durant trois jours, le No Logo a chauffé à blanc les vestiges des Forges de Fraisans, trois jours de musique et de bonne humeur qui ont enchanté quelques 36 0000 festivaliers. Un très bon cru pour cette quatrième édition du No Logo. Notre reporter Fred a parcouru l’herbe tendre des Forges tout le week-end !
Vendredi 12 août 2016, le site du NoLogo avait des allures de campus en fin d’année universitaire. Assis ou couchés sur l’herbe, les festivaliers qui arrivaient au compte-goutte plongeaient dans l’ambiance installée par les concerts de l’après-midi : zen et harmonieuse. Les voix féminines du groupe Mystically ont donné le ton d’une journée où les pieds et la tête se balanceraient sans nul doute. Les rythmiques de ce roots-là semblaient étirer le temps. La nonchalance des morceaux de Katchafire a laissé quant à elle une place prépondérante aux chœurs. Du roots on passait quelquefois au rocksteady avec des lignes de guitare lancinantes. Les derniers titres du set apportaient des mélodies plus abouties. Une rupture rythmique s’est faite sur le dernier morceau, ska et sautillante.
Plus tard, tandis que la foule continuait d’affluer, on découvrait une détonante artiste brésilienne, Flavia Coelho. Le début de son concert reflétait toute sa diversité musicale. Lors de sa prestation son style bossa-muffin est arrivé plus tard. Si les versions studio de ses morceaux sont homogènes, la pluralité était le moteur du spectacle ici, servie par une voix pêchue.
Des rythmes de dub s’acoquinaient à de timides arrangements électroniques, constituant des instants expérimentaux. Mais au fur et à mesure, l’essence du reggae a fait vases communicants avec la musique du Brésil. L’éclectisme de Flavia Coelho l’a menée à délivrer de beaux flows rap, tandis que les rythmes festifs des percussions montaient. La chanteuse s’exprimait d’une voix pétillante qu’elle semblait libérer totalement. Mais lorsque le dancehall rencontre des cadences endiablées, le public ne peut plus s’arrêter. Il aura également eu droit dans la soirée à un savoureux concert de l’humble famille royale du Reggae, les Morgan Heritage et leur Grammy Award du meilleur album reggae. La voix toujours prenante d’un Peetah Morgan, épaulé par celles des frangins, a entraîné les instruments de toute la fratrie sur un pied d’égalité. Des riddims, pour certains Made in France, faisaient appel à un roots entier. Un roots pur exploitant toute sa veine.
Quant à Damian Marley qui a succédé à Morgan Heritage, il déclinait son attitude rasta en plusieurs chemins, à commencer par un reggae inspiré des années 50. L’héritage de papa Bob était palpable et le fils n’aurait pu éviter la référence. Notamment en reprenant trois des morceaux du maître. D’ailleurs pendant ce temps, les deux écrans montraient le visage de Bob Marley dans de hautes flammes. Des visuels continus ont ainsi accompagné tout le concert. Ils symbolisaient la route, le ciel et l’horizon, le soleil et le feu. Les dernières chansons du set ont navigué sur des mélodies d’une pop-soul légère, où la voix de Damian Marley a pris un beau relief.
Fred Dassonville