FOLK
Reprise / Warner / 2016
Neil Young doit être un formidable joueur d’échecs. Il a la fâcheuse tendance à brouiller les pistes, à nous emmener là où on ne l’attend pas et à avoir toujours trois ou quatre coups d’avance. Démonstration une nouvelle fois avec Peace Trail.
Avec The Monsanto Years, on pensait le Loner parti dans une longue croisade contre les géants de l’agroalimentaire et autres producteurs d’OGM, une nouvelle fougue alimentée par son nouveau backband les Promise Of The Real. Une première expérience studio qui eut d’ailleurs une suite rapide l’été dernier avec Earth, album live où en plus de jouer les partitions de l’album, le Canadien en profitait pour dépoussiérer de vieux morceaux pour leur donner une nouvelle jeunesse. Logiquement, on voyait Young continuer dans cette voie, d’autant plus qu’il ne tarissait pas d’éloges sur le groupe des fils Nelson. Mais de logique, il n’y en a jamais eu dans la carrière du Loner et en septembre il s’enferme quatre jours dans le studio de Rick Rubin pour mettre sur bandes [encore] un grand album.
Un album solo avec seulement Jim Keltner à la batterie et Paul Bushnell à la basse comme musiciens de studio, une idée du minimalisme que va revêtir Peace Trail. Minimaliste, le trente-septième album du Canadien l’est en tout point. Très acoustique, mais avec quelques petites déflagrations électriques parsemées par-ci par-là. Les titres ont été enregistrés en deux ou trois prises. Et le mixage est quasi inexistant, offrant une ambiance live et brute où il faut parfois tendre fortement l’oreille pour entendre la basse par exemple, éclipsée par une batterie très présente. On découvre alors un disque qui aurait pu sortir 40 ans en arrière tant il nous remémore l’époque d’un Comes A Time ou d’un Zuma. On navigue entre folk et blues de façon très roots, et surtout la voix qui emmène ces textes défendant la cause indienne est celle du jeune Neil Young, quand celui-ci venait de quitter le Buffalo Springfield. Des titres étonnement courts, sans grand morceaux épiques, chose rare pour être soulignée, mais qui donnent un résultat proche de la perfection, pensé pour être écouter en vinyle. Si de son côté, Neil Young pense déjà à ses trois prochains albums (certainement déjà écrits), les fans que nous sommes vont se régaler avec Peace Trail, un retour à l’acoustique parfait du Loner.
Florian Antunes – The Loner – Pires