Julie Duclos présente à La Filature de Mulhouse sa nouvelle mise en scène, inspirée du long métrage La Maman et la putain, réalisé par Jean Eustache en 1973. Nos serments n’est cependant pas une adaptation de cette œuvre, mais bien un travail d’écriture qui prend comme point de départ le film La Maman et la putain. Le scénario, édité, a accompagné Julie Duclos durant plusieurs années, avant qu’elle ne décide de porter Nos serments à la scène.
Nos serments à La Filature de Mulhouse les 22 et 23 mars 2016 – Photo : Pierre Sautelet
Au départ, une simple histoire d’amour comme il en existe tant. Alexandre vit avec Marie, tout en essayant de reconquérir son ex-compagne. Une autre femme vient s’intercaler dans ce trio, Véronica, qu’Alexandre ramène un jour chez lui – le trio étant interprété sur grand écran par Jean-Pierre Léaud, Françoise Lebrun et Bernadette Lafont -. « Il y a tout un mode de pensée des personnages, qui guide le film », explique Julie Duclos à propos de ce long métrage de la Nouvelle Vague. « Le héros prenait le contrepied de tout ce qui se disait et se pensait à l’époque ». La metteur en scène va d’ailleurs explorer cette volonté d’aller à contre-courant. Comme le personnage d’Alexandre, le film lui-même ne cherchait pas à obéir aux canons de l’époque.
Julie Duclos a choisi elle aussi de prendre le contrepied, en évitant l’adaptation traditionnelle du scénario, pour déployer sur un plateau de théâtre la thématique de la jalousie et de la liberté au sein du couple. Au contraire, elle a souhaité « développer toute une vie souterraine des personnages ». Elle a donc écrit, aux côtés de Guy-Patrick Sainderichin, scénariste de cinéma, des scènes qui se seraient déroulées avant ou après le film. Elle a aussi intercalé des scènes dans le film lui-même, explorant alors tout un « hors champ », comme elle le dit encore. Julie Duclos et Guy-Patrick Sainderichin ont donc longtemps cheminé auprès des personnages pour créer Nos serments, tentant également de mettre leurs expériences en regard de notre monde actuel. La création est également la poursuite d’une recherche sur le désir, la compagnie L’In-quarto ayant adapté précédemment Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes et Masculin/Féminin de Jean-Luc Godard.
– Marc Vincent –
Nos serments, La Filature, Mulhouse, 22 et 23 mars à 20h
www.lafilature.org
> À noter :
VIDÉO REPLAY mercredi 23 mars 18h30
Entrée libre en salle Jean Besse
Projection du film documentaire « La peine perdue » de Jean Eustache d’Angèl Diez (53 min) en partenariat avec la Médiathèque de La Filature
Un cinéaste espagnol qui ne l’a pas connu rend un hommage émouvant à Jean Eustache, cinéaste français suicidé, auteur d’une douzaine de films, dont le célèbre La maman et la putain. Un film-portrait sensible, étayé d’extraits de films et de témoignages.