La Cité du Train-Patrimoine SNCF de Mulhouse célèbre en 2021 ses 50 ans. Les festivités débuteront dès ce week-end, samedi 12 juin. En prélude à ce temps fort, Diversions a interviewé Mathilde Buaillon, chef de projet en charge de la conservation, qui revient sur l’évolution du musée et le programme estival en lien avec cet anniversaire.
L’ancien « Musée Français du Chemin de Fer », fondé en 1971, retrace la riche histoire du rail français. Le lieu a pas mal évolué depuis sa fondation…
Il a changé de nom de 2005, à un moment où le Musée Français du Chemin de fer a été complètement refondu. Ils ont restructuré une grande partie du premier bâtiment qui datait de la fin des années 70 pour créer un grand bâtiment coloré qui fait vraiment partie aujourd’hui de l’identité visuelle du musée. C’était une volonté de refondre la muséographie, de la rendre un peu plus dynamique, un peu plus spectaculaire. Ce bâtiment abrite un parcours spectacle qui permet de présenter les trains sous forme de thèmes, les vacances notamment, la montagne, la guerre, etc. Un moyen pour les visiteurs quand ils arrivent au musée, de se plonger dans une atmosphère assez cinématographique, puisque volontairement il y a une pénombre, des jeux de lumières, des sons aussi. C’est dans ce contexte que le musée a été rebaptisé Cité du Train, devenu il y a quelques années « Cité du Train – Patrimoine SNCF ».
D’où proviennent les pièces présentées à la Cité du Train ?
La grande majorité des collections conservées au musée sont des dépôts de la SNCF. C’est le cas de 90% des matériels roulants, c’est le cas d’un certain nombre d’objets également, des blasons, des lanternes, des éléments liés à l’équipement. On a toute une collection de beaux-arts également qu’on valorise peu pour l’instant, parce qu’on n’a pas véritablement de salle d’exposition, mais on essaie de les présenter de manière numérique. Ce sont notamment des maquettes d’affiches, des gouaches préparatoires aux affiches de chemin de fer. Et puis il y a des éléments qui appartiennent à l’association, et qui viennent de dons faits par des particuliers au musée. On a aussi des dépôts qui émanent d’autres entreprises comme la RATP et La Poste. On a aussi tout un fonds d’archives qui appartient au musée déposé aux Archives de Mulhouse sur l’histoire du chemin de fer. On a des revues, des éléments relatifs à la SNCF, de l’iconographie…
La Cité du Train joue donc le même rôle qu’un musée « traditionnel »…
Notre rôle est de valoriser et de conserver. Valoriser à travers des visites guidées. Le projet d’exposition en ligne ça va permettre, par le virtuel, de montrer des éléments que l’on ne peut pas forcément montrer, parce qu’ils sont trop fragiles ou dans les réserves. L’objectif c’est aussi de proposer des vues à 360 degrés de certains trains qui habituellement ne sont pas visitables, souvent pour des raisons de sécurité mais aussi de conservation, car certains sont extrêmement fragiles. Le numérique permet une approche différente des collections.
On imagine qu’il y a eu tout un travail de numérisation en amont.
On a commencé la numérisation assez tardivement à cause de la crise du Covid. Dans un premier temps on s’est interrogés sur une exposition en présentiel, mais on s’est dit que le virtuel nous permettrait de présenter plus de choses. Et surtout cela nous a permis de valoriser un projet qu’on a avec la SNCF et avec le Centre des Monuments Nationaux, l’Incubateur du Patrimoine, des propositions faites dans le domaine du patrimoine par des start-ups sélectionnées. La Cité du Train a été choisie pour être terrain d’expérimentation. On avait commencé à accueillir une start-up, Blumenlab, qui nous aide à faire ces vues à 360. On travaille aussi avec une agence strasbourgeoise, Vuxe, qui nous accompagne pour tous les aspects liés au site internet : le graphisme, sa valorisation en termes de communication, etc.
Vous allez également présenter une exposition en lien avec le deuxième tome de la bande dessinée Kilomètre Zéro, de Florent Bossard et Stéphane Piatzszek.
Quand j’ai été contactée par les éditions Bambou, pour la rédaction d’un cahier historique accompagnant la fin du tome 1, j’ai découvert la BD qui allait être imprimée. Ce qui m’a frappé c’est que tout un travail archivistique avait déjà été mené en amont par les auteurs. Stéphane pour la partie historique, et Florent a fait tout un travail iconographique, sur les représentations d’époque, notamment sur les costumes, les atmosphères et les décors. On s’est rencontrés après la crise du Covid pour la sortie du tome 2, et c’est à ce moment-là qu’ont été imprimées des reproductions de planches de BD, exposées face aux locomotives les plus anciennes, du XIXe siècle.
Des Journées Amusées spéciales seront également proposées cet été.
Oui ce sera un projet porté par Musées Mulhouse Sud Alsace (MMSA) en lien avec les 50 ans de la Cité du Train. Il y aura un atelier de cuisine, une réinterprétation de menus des années 70, et un projet relatif à la bande dessinée. Les visiteurs vont être invités à reproduire par les dessins des trains iconiques du musée.
Pour l’atelier dessins BD avec Etienne Gendrin :
Proposition aux visiteurs de documents iconographiques (photos, gravures…) représentant des trains emblématiques de l’histoire du musée.
Les mercredis 11 et 25 août – 13h30 à 15h30 & 16h à 18h
Pour l’atelier cuisine avec Jeen de Chez Mémé :
Plongeon au cœur des années 70 avec un cours de cuisine permettant la réalisation d’un menu inspiré de ceux qui étaient servis dans les célèbres voitures-voyageurs Mistral 69. L’atelier se terminera par une dégustation dans une voiture Mistral du musée.
Les mercredis 21 juillet et 4 août – 10h à 13h30
L’autre événement conséquent qui se prépare, ce sont les 40 ans du TGV, célébrés au mois de septembre prochain…
Le musée est en train de refondre une des voies d’exposition sur la grande vitesse, la toute dernière partie de la Cité du Train. On travaille là aussi avec deux agences parisiennes, une agence de muséographie et une agence de scénographie. C’est une refonte pure et dure, ce sera pérenne. On va revaloriser les matériels roulants avec une nouvelle mise en lumière, et puis on va surtout en profiter pour exposer des objets inédits sortis des réserves, des maquettes. Il y aura un ajout de bornes interactives… Tout un parcours documentaire sur cette historie de la grande vitesse. Quelque chose qui se veut dynamique pour les familles et pour toutes les personnes qui viennent au musée. Ce sera inauguré lors des Journées européennes du patrimoine les 18 et 19 septembre. 2021 est une grosse année avec les 50 ans du musée et les 40 ans du TGV !
Propos recueillis par Dominique Demangeot
Lien vers la rétrospective digitale : www.50ans-citedutrain.com/