Du 14 au 25 janvier prochains, La Filature nous emmènera une fois encore en terres méditerranéennes, opérant pour cette huitième édition du festival, un focus sur la culture catalane. Direction l’Espagne donc, mais aussi d’autres incursions en Palestine, Israël, Tunisie, Mali, autour de spectacles de théâtre et de danse, des concerts mais aussi films, rencontres et conférences. L’exposition donnée dans le cadre des Vagamondes 2020 sera elle aussi cosmopolite, conviant des photographes du Mali, du Sénégal, du Mozambique et de Côte d’Ivoire.
Comme un fil rouge sur toute la durée du festival, on retrouvera Laia Torrents et Roger Aixut qui composent le duo cabosanroque. Leurs installations musicales, créées à partir de percussions de récupération, accueilleront le public des Vagamondes en rendant hommage au poète catalan Jacint Verdaguer. Démons fera référence aux séances d’exorcisme auxquelles participa l’artiste à Barcelone, en interprétant de manière sonore les notes prises durant ces séances. D’Espagne, nous arrivera également le 15 janvier La Veronal, qui avec le chorégraphe Marcos Morau présentera Pasionaria, dont les personnages semblent se situer à mi-chemin entre l’homme et le robot. Une transhumanité qui nous propulse dans un futur peu réjouissant, mécanisé à outrance et tissé de gestes répétitifs, déshumanisés.
Au Théâtre de la Sinne, on pourra aussi découvrir le 17 janvier Kingdom, Àlex Serrano transposant le célèbre singe King Kong en un monstrueux symbole du capitalisme effréné. La publicité et la croissance tous azimuts en prennent pour leur grade dans ce spectacle pour le moins irrévérencieux. Les bananes sont l’autre grande cible de la pièce, représentant avec King Kong, « deux Totems du système, deux bêtes insatiables qui ont besoin de grandir sans limites, deux grands dévoreurs de ressources, deux icônes de masse », explique la compagnie. Mais aux pleurs, Àlex Serrano et sa troupe préfèrent la fête. Entre jeu et musique, performance et projections vidéo, les interprètes font naître l’histoire devant nos yeux en utilisant une foule d’objets. De la banane, on passera à la pomme le 18 janvier avec Bad Translation de Cris Blanco. L’artiste déploie nos désormais indispensables outils technologiques, connectés et virtuels, en trois dimensions pour démonter les rouages de cet univers informatique, qui est aujourd’hui la norme mondiale. Danse, théâtre et performance se mêlent pour montrer combien nous sommes devenus des créatures ultra connectées, parfois jusqu’à l’absurde.
Avec Likes le 21 janvier, on restera dans le monde en ligne, Núria Guiu Sagarra prenant comme point de départ les tutoriels qui abondent sur internet, évoquant la place du corps en ligne, et Youtube en particulier. Avec la deuxième pièce de la soirée, A vore, Sonia Gómez et Ramon Balagué interrogent les traditions catalanes, sur lesquelles plane l’ombre de la mondialisation. Le contemporain rencontre le folklorique entre danse et musique. Les 23 et 24 janvier, danse toujours avec Rebota rebota y en tu cara explota (ça rebondit ça rebondit et ça t’éclate en pleine face), un traitement ironique de la violence faite aux femmes. L’actualité française récente a comparé les deux systèmes, français et espagnols, traitant ce fléau. Si une prise de conscience s’est faite jour, la performeuse catalane Agnés Mateus nous dit que rien n’est gagné, jouant des stéréotypes encore plaqués sur la figure féminine.
Le cirque s’invite aussi aux Vagamondes ! Du 23 au 25 janvier, une petite yourte accueillera le public à l’Afsco – Espace Matisse de Mulhouse pour UduL, quatre clowns acrobates pratiquant un cirque humble et populaire, sans débauche d’effets, revenant aux sources d’un art-artisanat où la farce s’invite également souvent. Le festival se terminera le 25 janvier sur un concert de rumba catalane. La culture gitane s’invitera pour clore en beauté les Vagamondes, avec Antoine « Tato » Garcia en maître de cérémonie, dont on a pu entendre les musiques dans les films de Tony Gatlif notamment.
– Dominique Demangeot –
Les Vagamondes 2020, La Filature et autres lieux, Mulhouse, du 14 au 25 janvier
Programme complet : www.lafilature.org