Le festival Vagamondes présente en cette année 2022 une nouvelle mouture, s’intéressant désormais à la création contemporaine au-delà des cultures méditerranéennes. Les Vagamondes deviennent « Festival sans frontière », qu’elles soient géographiques ou artistiques, entre théâtre et danse, musique et arts visuels, et la scène nationale de Mulhouse vous donne d’ores-et-déjà rendez-vous le 15 mars pour la soirée d’ouverture avec le vernissage de l’exposition de SMITH.
La dernière nuit du monde – Photo : Kurt van der Elst
C’est le Cabaret de l’Espace de Sofiane Saidi qui inaugurera les Vagamondes cette année, rendez-vous entre modernité et tradition, à la croisée du rock et de la soul, de l’électro et du raï. Cette création 2022 a pour objectif, comme le confie l’artiste, d’« abolir le temps et les frontières, partir loin. » Les compagnons de voyage seront Malik Djoudi, lui aussi à mi-chemin entre deux cultures – Algérie et Vietnam -, Flèche Love qui chemine entre électro et musiques latines, et enfin Oum, chanteuse et compositrice marocaine. L’électro d’Acid Arab sera aussi de la partie.
Du côté du théâtre, La dernière nuit du monde, mis en scène par Fabrice Murgia, part de l’hypothèse que la planète peut désormais être alimentée par une pilule qui supprime le besoin de dormir chez les humains. Cette collaboration avec Laurent Gaudé – une première pour Fabrice Murgia qui crée habituellement ses pièces au plateau -, envisage la nuit comme le lieu du rêve et du mystérieux, du secret. Les deux hommes se sont inspirés de l’essai de Jonathan Crary, 24/7 – Le capitalisme à l’assaut du sommeil, qui pose la nuit comme le dernier lieu de résistance au capitalisme. Mais dans la pièce de Fabrice Murgia, la fameuse pilule implique que même de nuit, les hommes puissent travailler et produire… À travers cette dystopie, La dernière nuit du monde évoque notre société actuelle et l’ère de l’anthropocène, où les actions de l’homme perturbent l’équilibre de la planète et ses cycles.
Pour autrui – Photo : Christophe Raynaud de Lage
Pauline Bureau proposera sa dernière mise en scène, Pour autrui, qui nous présente Liz, travaillant dans le domaine de la végétalisation des toits et des espaces extérieurs. Elle rencontre Alexandre, marionnettiste, bloqué comme elle par la neige dans un aéroport. « Cela fait longtemps que j’ai envie de raconter l’histoire d’une grossesse, d’interroger la maternité et plus largement la parentalité », explique Pauline Bureau. Cette dernière évoque la GPA – gestation pour autrui – en suivant les neuf mois « pendant lesquels l’une attend un enfant que l’autre porte dans son ventre. »
Impulso – Photo : Mehdi Benkler
Le flamenco aura aussi sa place cette année à Vagamondes avec la venue de la danseuse Rocío Molina, l’une des cheffes de file du renouveau de la discipline. Avec Impulso, elle convie à chaque fois des artistes différents, pour des spectacles nécessairement originaux et uniques. À La Coupole de Saint-Louis, lieu partenaire du festival, Rocío Molina invitera le groupe Sabîl, composé d’un joueur de oud palestinien et d’un percussionniste, les deux hommes étant rejoints ici par la clarinettiste Lena Nowak.
Le festival s’achèvera le 26 mars avec la venue d’Angélique Kidjo, dont les racines africaines dialogueront avec l’esthétique contemporaine de Philip Glass, en compagnie de l’Orchestre symphonique de Mulhouse. Ifé est le nom de baptême de cette rencontre avec les univers des deux artistes. On pourra aussi retrouver des titres originaux de la chanteuse, en version symphonique.
– Dominique Demangeot –
Vagamondes, Mulhouse, La Filature, Saint-Louis, La Coupole, du 15 au 27 mars
Programme complet : lafilature.org