JAZZ/CHANSON
La Familia/L’Autre Distribution
André Minvielle aime à parcourir les régions et leurs cultures, collecter leurs accents, les expressions qui leur sont propres. Aujourd’hui il se frotte aux mots de Nougaro, en compagnie du chanteur/claviériste Babx et du chanteur/saxophoniste Thomas de Pourquery.
Au départ, il y a deux soirées données dans le cadre du festival Le Marathon des Mots à Toulouse en 2014, première plongée dans l’univers foisonnant de Nougaro qui s’est bien heureusement poursuivie ailleurs sur scène, et aussi sur disque. Et s’il s’agit bien d’un hommage ici, rendu par les trois chanteurs, on peut noter la liberté de ton avec laquelle ces derniers attaquent la montagne qu’est Claude Nougaro, attrapant au vol quelques-uns de ses standards pour en donner des versions parfois bien différentes, mettant à profit cette force d’improvisation propre à l’univers du jazz que Nougaro aimait tant. Le projet sobrement baptisé Nougaro (fallait y penser), ravive le feu du chanteur poète toulousain disparu en 2004.
À l’image de la belle et touchante mélodie au sax alto de Thomas de Pourquery sur Cécile ma fille, délaissant les mots pour se lover exclusivement dans son univers harmonique, l’album est émaillé de digressions musicales et sonores. On retrouve aussi deux textes écrits par Nougaro pour Minvielle, sur des musiques de ce dernier, dont le très brésilien K-you K-yaw. Les titres des pistes nous cachent d’ailleurs parfois le morceau original, avant de le retrouver dans les paroles et les mélodies, comme ce Locomots convoquant des extraits de nombreux textes du Petit Taureau dont Paris mai, L’amour sorcier, Tu verras et bien d’autres. Parfois la voix de Claude Nougaro surgit sans crier gare, magie d’archives sonores recyclées pour créer un nouveau morceau. On imagine aisément le trio expérimenter pendant des heures sur les mots et les musiques de Nougaro, collant parfois à l’ombre du maître (Rimes, Une petite fille), ailleurs s’en éloignant (À bout de souffle) pour réinventer son héritage musical.