Matt Berninger – Serpentine Prison

INDIE FOLK

Concord Records / Caroline

Le chanteur originaire de Cincinnati, Ohio, aujourd’hui exilé à Los Angeles, déploie avec Serpentine Prison des univers un peu plus acoustiques qu’avec son groupe régulier, même si les amateurs et les amatrices de The National ne seront pas dépaysé.e.s en suivant ces dix petits bijoux d’indie folk à écouter au chaud.

Matt Berninger - Serpentine Prison - Chronique album

Contre toute attente, c’est en compagnie de Booker T. Jones, célèbre claviériste soul / R’n’B, que Matt Berninger a mis en boîte ces chansons où domine l’acoustique ainsi que la volonté (et le plaisir tout de même) d’enregistrer le bazar en live. En écoutant cette folk rock feutrée, on sait qu’on est loin des secousses sismiques de la soul et du funk tels que Booker pouvait les pratiquer auprès de ses M.G.’s. Sur Serpentine Prison, le timbre baryton de Matt Berninger servira de fil d’Ariane aux fans de The National, qui déploreront peut-être (ou pas!) l’absence de rock, même si The National, ça n’a jamais été les Who non plus. Les ambiances ouatées de l’album s’accorderont à merveille avec les couleurs sépias de cet automne qui commence, au diapason aussi de la magnifique pochette consistant en un portrait peint du chanteur, de l’artiste américain Michael Carson, rendant l’achat du grand format vinyle presque indispensable. Une édition limitée de la galette est d’ailleurs disponible (lien ici).

Au centre de tout, il y a donc cette voix grave bien en avant dans le mix, sur un lit de mélodies classieuses et de picking cristallin (Oh Dearie, qui plongerait même un bulldog enragé dans une profonde léthargie). On apprécie la parcimonie des cuivres sur Take Me Out Of Town, les cordes sur Collar Of Your Shirt, quelques caresses de lapsteel comme sur la première chanson au titre un peu bizarre quand même (My Eyes Are T-Shirts). Des chansons tout en délicatesse, à l’image de l’avant-dernière piste, All For Nothing qui semble condenser toutes ces esthétiques en une seule et même chanson (si vous devez n’en écouter qu’une, comme on dit, même si ce serait dommage de louper les autres). Pour graver ce disque intimiste, Matt Berninger s’est attaché les collaborations, entre autres, de Matt Berrick (The Walkmen) et Andrew Bird. Sur Silver Springs, Gail Ann Dorsey, bassiste de feu David Bowie, et qui apparaissait déjà sur le dernier album en date de The National, I Am Easy To Find, rejoint Matt tandis que l’on peut entendre l’orgue de Booker T. Jones sur plusieurs titres dont le brillant mid-tempo One More Second. Connaissant le lien privilégié qui unit The National au public français, il y a fort à parier que Serpentine Prison reçoive une oreille attentive de la part de l’Hexagone.

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