Marie Charrel – La fille de Lake Placid

ROMAN

Les Pérégrines

Parution le 5 janvier 2024

Dans son album Chemtrails Over The Country Club, Lana Del Rey évoquait ses illustres aînées Stevie Nicks, Joni Mitchell, Joan Baez, icônes des années 70. Marie Charrel a imaginé un dialogue entre Lana Del Rey et la Queen of folk. Les deux artistes se sont effectivement croisées en 2019 et La fille de Lake Placid prend comme fil rouge leur rencontre.

Marie Charrel - La fille de Lake Placid - Les Pérégrines - Chronique dans le magazine Diversions

Désormais éloignée des studios et des scènes, Joan Baez peint. Une retraite dorée comme le soleil de Californie, et verte aussi, entourée de forêts. À l’autre bout du continent il y a Lake Placid dans l’État de New-York, région de montagne (et aussi de forêts) où a grandi Elizabeth Grant. Comment devient-on artiste ? Marie Charrel retrace le parcours, patient et déterminé, d’Elizabeth depuis l’enfance avec « déjà le goût de l’interdit » jusqu’au clip Video Games qui la révélera au monde entier sur YouTube. Car Lana est une artiste de son époque, (sur)exposée sur les réseaux. Il faut alors composer avec le regard des autres (masculin surtout), ce male gaze dont on parle depuis quelques années, tantôt regard « un peu trop appuyé », tantôt « désir dévorant des hommes ».

Marie Charrel convoque l’univers cinématographique et ouaté de la chanteuse, plongeant en particulier dans ses carnets et ses poèmes, emprunte également à l’univers de David Lynch cette inquiétante étrangeté qui traverse le roman de part en part. La création est aussi au cœur de La fille de Lake Placid, écouter ses rêves, écrire, composer avec les monstres et les loups de l’enfance, espérer être autre chose qu’un papillon épinglé dans un cadre en verre. Car « si on ne peut pas changer le monde, on peut modifier le regard que l’on porte sur lui. Le décaler. Le sublimer ». Lana Del Rey, à l’instar de Joan Baez à la fin des années 60, place l’Amérique face à ses contradictions, son rêve américain de carton-pâte dissimulant parfois une réalité moins glamour, à l’image de ces caravanes immobilisées sur des parkings. Sous la plume de Marie Charrel, Lana est une sorcière « aux clartés étranges », et comme Joan Baez qui a réellement peint le portrait de la chanteuse, « capturer ce vertige sera sa quête ». Portrait tour à tour aiguisé et vaporeux de la fille de Lake Placid, par-delà l’image lisse des magazines et des écrans.

Dominique Demangeot

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