Chaque année quand le printemps n’est plus très loin, Les Scènes du Jura proposent des rendez-vous concoctés en compagnie d’un artiste complice. En 2025, la metteuse en scène Marine Mane va prendre en charge « ce temps fort et doux à la fois », comme elle le qualifie elle-même, consacré cette année à la notion de soin.
« Prendre soin ! » sera donc le leitmotiv de cette édition 2025 qui traitera de réparation et de vivre-ensemble, puisqu’une guérison sans aide extérieure semble peu probable. Pour « se restaurer dans le collectif, se réparer au corps de l’autre », comme le dit encore Marine Mane, cette dernière et les Scènes du Jura ont aussi prévu des rencontres en amont du temps fort, prenant la forme de conversations à la Librairie Guivelle et au foyer du Théâtre. Le 11 février à 19h, une discussion aura également lieu au Cinéma les 4C, en compagnie de Marine Mane et de Bérénice Hamidi, professeure en études théâtrales. « Comment les œuvres reproduisent ou transforment les rapports de domination ? » sera l’une des problématiques posées. Un temps de rencontre qui évoquera le rôle de l’art, et du spectacle vivant en particulier, dans nos vies et nos sociétés.
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Et après on s’aime – Photo : Cie In Vitro Marine Mane
On pourra découvrir l’univers de Marine Mane à travers deux pièces, dont un « vrai-faux documentaire », dans lequel la metteuse en scène évoque sa propre famille et sa nièce en particulier, incarcérée en Turquie pour appartenance à un groupe terroriste. Hybridant musique, danse, acrobatie, théâtre et vidéo, Et après on s’aime confronte aussi mémoire et actualité. « Marine se penche sur les identités multiples et les différentes temporalités qui composent une personne », explique la cie In Vitro, « les croisements entre histoire intime et fait sociétal ». L’histoire de la famille de Marine Mane, partagée entre petite bourgeoisie proche de Paris et milieu ouvrier de l’Est de la France, croise aussi les relations géopolitiques entre France et Moyen-Orient. You’re my sister, sœur s’inspire une fois encore de la famille de Marine Mane, duo de danseuses explorant le lien, appelant à « [n]e plus voir la relation comme une somme d’intensités, de pics et d’apaisements, ne plus lui chercher de but et la nourrir pour elle-même », souligne la compagnie. S’appuyant sur des photos de famille, d’enfance, la metteuse en scène veut susciter « la mémoire de nos relations affectives », la photographie immortalisant un geste inscrit dans un temps et un espace précis.
Y mettre du sien ! ménagera également d’autres temps, des petites formes, et s’inscrira cette année dans le projet européen Interreg : ACT !, qui favorise des « Agoras Nomades », temps de rencontres entre artistes, scientifiques et habitants, projections, spectacles, ateliers de pratiques… C’est pourquoi, du 10 au 15 mars au Théâtre de Lons-le-Saunier, se tiendront par ailleurs des initiations au bien-être, restitutions d’ateliers, expositions, repas partagés… Ce volet 2025 s’achèvera sur un bal performé au Théâtre, une SaturDay and Night Fever ! durant laquelle on pourra rencontrer la réalisatrice Yolande Zauberman autour de la projection de son film La Belle de Gaza, à 11h au Cinéma les 4C. Rencontres et ateliers de danse/masque pour préparer la soirée seront aussi au programme, entre autres rendez-vous. Pour y mettre du sien, du soin… et du lien !
– Dominique Demangeot –
Y mettre du sien !, Lons-le-Saunier, Théâtre, du 8 au 15 mars
Programme complet : scenesdujura.com