> Article publié à l’origine dans le numéro d’octobre 2016 de Diversions Aire urbaine – consulter le PDF ici –
L’ONJ poursuivait l’an passé son exploration des grandes capitales européennes. Après Europa Paris en 2014, 2015 voyait la naissance d’Europa Berlin, Olivier Benoît, directeur artistique de la formation, guidant cette fois ses musiciens dans les méandres de la capitale allemande au si riche et lourd passé. Le Moloco nous offre la chance de suivre ce périple en live, lors d’une soirée s’inscrivant dans un nouveau cycle autour du jazz, mis en place par le Moloco, la Poudrière et le Granit.
Olivier Benoît a le goût des architectures urbaines. Ce nouveau disque capte une fois encore les pulsations de la ville, ici la cité berlinoise cosmopolite, à l’instar de Paris, mais à l’histoire bien différente, sœurs ennemies aujourd’hui réconciliées à partir desquelles Olivier Benoît et l’ONJ brossent des portraits sonores enthousiasmants, musique aventureuse comme peut l’être une avancée au hasard dans les ruelles berlinoises. À partir d’une artère principale, colonne vertébrale des partitions, chaque musicien inscrit sa propre déambulation sonore. Il faut dire que l’orchestre compte quelques fines lames du jazz, à l’image d’Alexandra Grimal et son saxophone ténor, ou encore la solide assise rythmique de l’expérimenté Éric Échampard. L’errance, ici, est salutaire, au sein d’un album qui renouvelle constamment le schéma musical. Jazz, Europa Berlin l’est assurément, dans ses digressions, dans sa recherche permanente et l’écoute entre les musiciens. Chacun amène sa sonorité propre, évoluant cependant au sein d’une belle unité entre minimalisme, rock, électronique sans oublier la free music. En réduisant l’effectif de l’ONJ à son arrivée, Olivier Benoît s’est doté d’une formation plus souple, où chaque musicien peut véritablement s’exprimer lors des moments en solo, tandis que le reste du groupe assure sans flancher un solide arrière-plan sonore. Une partition contrastée, comme l’on passe souvent, dans les mégapoles, d’un rutilant quartier à un environnement en friche. Avec Révolution, ses deux introductions – dont la seconde, sombre et magnifiée par le violon de Théo Ceccaldi – et sa section principale de neuf minutes, Olivier Benoît avance la pièce maitresse d’un album qui sera suivi prochainement d’un troisième voyage, à Rome cette fois…
– Marc Vincent –
Orchestre National de Jazz + Lucky People, Le Moloco, Audincourt, 28 octobre à 20h
www.lemoloco.com