Le collectif XYZ organise sa deuxième édition du festival Hors-Clichés. Cette année, le coup de projecteur est mis sur les rapports qu’entretiennent les pays étrangers avec les identités lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT). Si des préjugés persistent et qu’il reste encore des barrières à briser, en France le sujet n’est pas si maltraité. Quels liens entretiennent nos voisins sur la question ? Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, et les évidences de confort demeurent bien relatives selon la nation où l’on vit.
Le collectif XYZ souhaite informer, et ouvrir l’esprit de la société sur les questions de genre et d’orientations (voire d’identités) sexuelles. Le mariage pour tous avait vu naître un certain noyau réactionnaire prêt à en découdre, mais aussi des associations bien décidées à calmer les ardeurs de l’incompréhension. Créer une nouvelle forme de Gay Pride eut sans doute été trop anachronique pour poser des débats constructifs. Alors nombreux ont été les membres du collectif XYZ, à penser qu’un art tel que le cinéma demeurait suffisamment populaire pour servir de vecteur. Et aider à dédramatiser la chose. Le festival Hors-Clichés a déjà bien grandi depuis l’an dernier. Il passe de trois jours à dix jours. Avec cette rallonge d’une semaine, davantage de lieux sur Besançon s’associent à la cause, parmi lesquels on retrouve Zone Art, ou encore Les Passagers du Zinc (PDZ). « Nous avons une affinité depuis le départ avec les PDZ. Et même si nous n’avions pas pu investir ce caf’conc lors de la première édition, nous envisagions de travailler ensemble », souligne Florence, l’une des pionnières d’XYZ. Une soirée de concerts de soutien au collectif y sera organisée le 13 février. Le but de ce moment est d’acquérir quelques deniers supplémentaires afin d’optimiser et pérenniser le festival. « Soutenir l’engagement d’XYZ permet de concrétiser des idées, dans Hors-Clichés mais aussi nos actions en-dehors », assure Loïc, un autre membre actif.
Le cinéma
La dimension cinématographique est toujours au cœur d’Hors-Clichés. D’autant qu’il existe un fort potentiel. Le vivier de films LGBT, ou plus généralement des libertés existentielles, est inépuisable. Florence rappelle que parmi les films traitant de ces sujets, il en est également certains qui se montrent « plutôt clichés et sont plus facilement visibles ». Mais Hors-Clichés se donne pour objectif d’interpeler, d’où l’idée de montrer des ouvrages décalés, alternatifs. On notera la projection du très attendu Tangerine le 19 février à 22h au cinéma Victor Hugo. Les actrices transsexuelles y traitent du thème de la prostitution. La particularité de ce film signé Sean Baker en 2015 est qu’il a été tourné en mode « pocket-film », avec un iPhone. Il s’accompagne d’interventions de spécialistes afin d’animer les débats. Cela appuie l’importance de l’interaction avec le public.
Autres événements
Un timing élargi permet au festival de sortir des sentiers battus et de proposer un éventail artistique au-delà du cinéma. Deux expositions par exemple s’intègrent au programme. L’une marquera l’ouverture d’Hors-Clichés avec son vernissage. Il s’agit de Rhizome, par la photographe belge Géraldine Jacques. L’artiste (dont vous retrouverez prochainement une interview dans nos colonnes numériques) semble prendre distance et traite avec humour les questions de genre. Ses modèles sont chacun photographiés en deux temps. D’abord nu, puis habillé. Géraldine Jacques emploie un ton décalé en apposant une phrase évoquant les habitudes culturelles. La seconde exposition intitulée Assignée garçon se tiendra au Kursaal de Besançon, le 20 février. Cette fois il s’agira de dessins réalisés par la québécoise Sophie Labelle, qui s’inscrit comme l’une des premières à aborder ouvertement le transgenre et ses dénominations de manière décalée et décomplexée là encore. Outre l’expression cinématographique, XYZ a aussi développé au cours de l’année un axe basé sur des lectures. Appelé « Qu’ouir », le cycle amène un groupe de cinq ou six personnes issues du collectif, à aller lire des extraits de textes sur la sexualité et le genre. Des textes choisis « en fonction de ceux qui nous plaisent, nous font rire ou pleurer, ou nous interrogent », explique Florence. Chaque séance de lecture dure environ une heure, associée à de la musique mixée par DJ Dernière Minute. Ainsi une lecture se tiendra le 12 février à Zone Art.
Frédéric Dassonville
Festival Hors Clichés, Besançon, du 11 au 20 février 2016
Blog du collectif XYZ : http://collectifxyzbesac.blogspot.fr/
Facebook du collectif XYZ : https://www.facebook.com/events/1742648342624716/