En parallèle à sa saison de spectacle vivant, la Scène nationale du Creusot proposera cette année une programmation d’arts visuels à suivre en plusieurs chapitres. Écho à l’héritage industriel de la ville.
Un appel à projet CURA a été lancé par le ministère de la Culture auprès des scènes nationales. « Certaines ont aussi un volet arts visuels », explique Cécile Bertin, directrice de L’Arc. « Le ministère était en lien avec le Cnap (Centre national des arts plastiques) qui a émis l’appel en direction des commissaires. » C’est Élise Girardot qui assurera cette saison le commissariat de la programmation au Creusot : deux expositions et un week-end de performances autour de sa riche histoire industrielle, marquée en particulier par la dynastie des Schneider. « Je voulais travailler sur les bouleversements dans le monde du travail depuis longtemps, et plus récemment depuis la réforme des retraites et les Gilets Jaunes », explique Élise Girardot.
Œuvres préexistantes ou créées spécialement ont été réunies, à l’instar d’un dessin mural de Célia Muller (Bénédicte, 1917.2024) réalisé au printemps dernier au premier étage à partir d’archives photographiques. « Des endroits un peu surprenants où on va se laisser cueillir par la découverte d’une œuvre », souligne Cécile Bertin. Pour le premier volet, Manuten∫ions .1 (du 4 octobre au 18 janvier), deux autres commandes ont été exécutées, dont une par Cynthia Lefebvre, venue plusieurs fois dans la ville du Creusot en résidence. Élise Girardot a aussi rencontré ouvriers et anciens ouvriers de la région, et assisté à une coulée chez Julien SA/Creusot Fusion, fonderie fabriquant des moules pour l’industrie automobile notamment. Cynthia Lefebvre a créé son installation à partir des témoignages d’ouvriers. Des dons d’anciens outils lui ont aussi permis de travailler sur son œuvre.
Pour la scène nationale, Manuten∫ions est une autre manière d’engager un dialogue avec ses publics. L’Arc possède une belle salle d’exposition, mais Élise Girardot compte diffuser le travail des artistes également ailleurs dans le bâtiment pour susciter des résonances entre les œuvres. Rendez-vous est donc donné le 4 octobre à 18h30 pour le vernissage du premier chapitre, Manuten∫ions .1 consacré au geste ouvrier, travail à la chaîne, accomplissement d’une même action répétée à l’image de la grande roue de Maxime Lamarche (nom prédestiné…), « une roue qui évoque les 3 x 8, cette idée de tourner en rond », explique la commissaire. Mise en lumière d’un travail en usine longtemps « invisibilisé », comme le dit Élise Girardot. On verra également que l’avènement du numérique n’a pas nécessairement supprimé la pénibilité de certaines tâches. Ces questions sociales et sociétales en lien avec le travail seront plutôt abordées dans la deuxième exposition qui débutera en février.
Les résidences d’artistes vont se poursuivre afin de préparer les autres temps forts de l’année : travail in situ, accompagnements à la production… Commissaire et équipe de L’Arc préparent déjà la suite de Manuten∫ions. « Le bâtiment de L’Arc va être en travaux », rappelle la directrice, « il y aura donc aussi des ouvriers au travail tout au long de l’année ! Peut-être de véritables rencontres qui se feront au fil des présences dans le lieu. » La scène nationale a prévu par ailleurs tout un volet médiation : visites commentées, ateliers de pratique artistique… « Avec Élise, on a essayé de rendre la pratique accessible, que les gens puissent aussi s’emparer des matières artistiques d’une façon ou d’une autre », conclut la directrice de L’Arc.
– Dominique Demangeot –
Manuten∫ions .1, Le Creusot, L’Arc, Scène nationale, du 4 octobre au 18 janvier
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