Pour cette nouvelle édition, les organisateurs de la Guerre du Son ont décidé de revenir aux racines ayant contribué au succès du festival qui perdure (malgré une micro pause de deux ans) et souffle cette année sa quatorzième bougie avec une affiche au caractère bien énervé.
Cette première journée débute avec les vainqueurs du Tremplin 2017, Mamadjo, qui attirent doucement la foule encore peu présente en cette fin d’après-midi, à l’aide de titres à la fois acoustiques, funky et parfois folk. La folk qui justement va monter d’un cran avec les Alsaciens de Dirty Deep qui à grands coups de bottlenecks et d’harmonicas nous font voyager dans les contrées perdues du fin fond du bayou américain, avec son énergie R&B digne des pionniers, allant de Son House aux plus récents rednecks de Left Lane Cruiser.
Le temps d’un changement de plateau qui est cette fois ci rempli d’ampli Marshall, et voici que débarquent sur un interlude tarantinesque et sa bien nommée Missirlou, les jeunes nouveaux prodiges du rock à guitare (Alsaciens eux aussi) : les pistoleros de Last Train. Avec ses airs de Black Rebel Motorcycle Club, tout de noir vêtus, le quatuor ouvre les hostilités avec Between Wounds suivi de près par Way Out, dont les riffs acérés hypnotisent d’emblée la foule qui se déchaine devant tant d’énergie. Le premier album Weathering paru il y a de cela quelques mois va être exploré durant tout le set, qui semble monter en intensité à chaque nouveau titre à l’image du quasi stoner Leaving You Know ou encore du poignant Fire, qui vient clore une prestation intense et sincère.
Plus minimaliste mais tout aussi efficace, le duo le plus célèbre de l’hexagone, Laurent Lacrouts et Mathieu Jourdain, plus connus sous le nom d’Inspector Cluzo entrent en scène sur le traditionnel hymne de la course landaise, nous saluant au passage avant de lancer le riff ravageur de Rockfarmers issu de leur dernier album en date. Le duo enchaine entre vannes sur la scène musicale actuelle et titres décapants totalement improvisés. « Pas de Putain de setlist !!!», lancent-ils. Les morceaux tels que The Fishermen ou Quit The Rat Race (apparemment écrit au Texas sur la route, fort possible lorsque l’on sait que Rockfarmers a été mixé à Nashville par Vance Powell, responsable d’albums de Jack White ou encore Seasick Steve…) sont totalement revisités avec ce que font de mieux nos Gascons : des interludes funky à tendances soul, nous rappelant au passage que les gaillards sont des grands fans de Curtis Mayfield. On a également droit à la plus belle déclaration du duo : leur amour pour les bassistes avec le traditionnel Fuck The Bass Player… avant de clore le set par The Inspector Cluzo et son final chaotique, la batterie sens dessus dessous. Ce soir le duo a comme toujours été à la hauteur de sa réputation scénique et nous a donné encore une fois une bonne leçon de vie et de rock n roll à quatre mains. La foule en redemande. À la prochaine messieurs, ou plutôt Adishatz !
Johan Perrin