Alors que le festival sera bientôt trentenaire, la prochaine édition de Momix, pour sa vingt-neuvième cuvée, accueillera des troupes de France et d’ailleurs, Luxembourg, Allemagne, Belgique, Italie… La Suisse elle, bénéficiera d’un focus tandis que d’autres événements seront également proposés autour des spectacles : focus scènes Sacem jeune public, spectacles en balade dans des lieux culturels partenaires, expositions, à découvrir du 30 janvier au 9 février 2020.
Comme le disent Philippe Schlienger et Yves Bertrand, directeur et président de Momix, « apprendre en même temps que de se divertir, […] réfléchir en même temps que de s’émerveiller », n’est pas (n’est plus) une utopie. Les nombreuses compagnies jeune public présentes en Alsace en début d’année 2020 seront là pour nous le rappeler. Si le public peut aujourd’hui bénéficier d’un programme étoffé de spectacles, il voit rarement le travail en amont, de la première idée qui germe dans l’esprit d’un metteur en scène jusqu’à sa concrétisation, les résidences de création dans les salles de spectacles, dans les écoles… Diversions suivait en octobre dernier des ateliers menés par la compagnie dijonnaise L’Artifice dans une école primaire, proposant aux élèves des exercices d’écriture, déplacement dans l’espace, jeu de masque pour les familiariser avec le spectacle vivant. La compagnie a pu tester en retour sa dernière création, Comme si nous… L’assemblée des clairières auprès des jeunes enfants.
Si dans le cas de L’Artifice, la pièce s’est montée autour d’un texte original, une commande passée à l’auteur Simon Grangeat qui a lui aussi effectué des résidences l’an dernier dans des écoles pour apprendre à mieux connaître les jeunes enfants – personnages principaux de Comme si nous… -, les compagnies n’hésitent pas à puiser dans le vivier des contes. Le collectif Ubique reviendra ainsi à l’histoire de La Belle au Bois Dormant, mêlant théâtre et musiques, faisant intervenir instruments baroques, renaissance et modernes. « Tous les codes du célèbre conte sont réunis », explique le collectif. « Mais c’est sans compter sur leur tournure malicieusement décalée ». Ce pas de côté avec les contes de notre enfance, on peut aussi compter sur le Théâtre des Marionnettes de Genève pour nous le faire accomplir, reprenant à son compte l’histoire des Trois petits cochons. Une relecture où les porcelets José, Bueno et Mini-Pic construisent des maisons en pailles à boire, en Kapla et en Duplo. Leurs habitations résisteront-elles aux assauts du grand méchant loup ? Les Ateliers du Capricorne révisent quant à eux leur Petit Poucet ! Le biais ici ? Son journal secret qui nous révèle bien des choses sur sa vraie mère, ou encore sur le sentiment amoureux qui l’étreint. La compagnie adapte l’album de Philippe Lechermeier pour le texte et de Rebecca Dautremer pour les illustrations, édité chez Gautier-Languereau/Hachette Jeunesse.
Il faut dire que pour nous transporter dans leurs univers, les compagnies ont de la ressource, et surtout des matières infinies. Il y a l’Histoire, source d’inspiration inépuisable. Actémo Théâtre a ainsi travaillé autour de deux textes de Françoise du Chaxel, qui racontent tour à tour l’évacuation d’Alsaciens vers la Dordogne en 1939, et la vie d’une famille libanaise, réfugiée à Périgueux de nos jours. Ou comment parler de l’exil, des immigrations d’hier et d’aujourd’hui. Il y a le mouvement, les corps. Celui du nageur dans Cent Mètres Papillon par le Collectif Colette. Les gestes des mains qui parlent, Les Compagnons de Pierre Ménard évoquant un « petit garçon aux oreilles cassées » dans Le petit garçon qui avait mangé trop d’olives, traitant de la surdité avec humour et poésie. Momix n’oublie pas les « grands enfants », et certains spectacles s’adressent plus particulièrement aux adolescents à l’image de Boutik par Les Têtes de Bois, pour garder le contact – ou le retrouver – avec une tranche d’âge qui a tendance à chercher l’isolement, à l’ère des communautés virtuelles. L’actualité reste une dimension également forte du festival qui nous emmène parfois dans des mondes merveilleux, mais évoque en outre l’ici et le maintenant. Ce qui m’est dû mêlera ainsi danse et théâtre pour évoquer la notion d’engagement.
– Marc Vincent –
Momix 2020, Kingersheim et lieux partenaires, du 30 janvier au 9 février
Programme complet : momix.org