Jean-Marie Baron – Le fils du gouverneur

RÉCIT

Éditions Baker Street

Parution le 17 mai

François Baron (1900-1980), administrateur des colonies en Afrique, fut également le dernier gouverneur de Pondichéry. Jean-Marie Baron rend hommage à son résistant de père (le premier à avoir répondu au fameux Appel du 18 juin), dans un lumineux récit qui fait se côtoyer souvenirs intimes, grande Histoire et spiritualité.

Jean-Marie Baron - Le fils du gouverneur - Baker Street - Chronique dans le magazine DiversionsJean-Marie Baron est loin de n’être que « fils de » et a bâti lui-même une brillante carrière. Journaliste, critique d’art, professeur d’université, il présentait l’émission culturelle Plastic dans les années 90. Dans sa lettre au père, il relate les tribulations de ce dernier, depuis le creuset familial breton jusqu’en Inde, du Sénégal au Niger, avec un détour par le Mexique (du côté de la mère de Jean-Marie, l’autre branche de la famille haute en couleur là encore). Avec de tels gènes, on comprendra que le fils du gouverneur n’ait jamais pu tenir en place. Bien né, il a côtoyé la jet set, un fils de maharadja, mais aussi bourlingué façon clochard céleste au Cachemire et au Pakistan, avant d’atterrir dans le New York surchauffé de la fin des années 1970. Le fils du gouverneur rend également compte de ce parcours initiatique.

Baron père et fils ont côtoyé le philosophe et leader indépendantiste indien Aurobindo, dont le concept de « force supramentale » est mis en parallèle avec le surhomme de Nietzsche. La déférence toute républicaine qu’on lui témoigne en Inde n’empêche en rien le gouverneur de se prosterner devant la Mère, compagne d’Aurobindo (« cette chaleur pour l’âme, cette lumière pour l’esprit » écrira-t-il à propos de leur Ashram en 1958). L’ouvrage recèle par ailleurs de belles descriptions des nombreux paysages qu’il traverse, Égypte éternelle, décors irréels de la montagne de Bâmiyân, sommets enneigés de l’Himalaya admirés depuis un hublot d’avion (vous voyez le tableau ?)… Il faut dire que François a transmis à Jean-Marie le virus des voyages, ce « désir compulsif de [s]e mettre à l’épreuve, pour aller plus loin, n’importe où ». Mais c’est l’Inde qui attire surtout le fils, pays-continent « aux mille facettes » avec ses rues aux noms français et déjà, la nostalgie de la gloire coloniale. Mais le père comme le fils ne sont pas hommes à perdre pied. L’utopie semble aussi un trait familial, Jean-Marie Baron évoquant notamment la communauté d’Auroville fondée en 1968. Il nous raconte aussi comment François échappera plusieurs fois à la mort, parlant avec pudeur et tendresse de cette « grâce particulière qui lui avait fait traverser les événements de son siècle avec une nonchalance altière ».

Dominique Demangeot

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