AMERICANA
Yaya Tova/Santa Cruz Records
C’est depuis son exil californien que le leader et désormais unique membre d’Herman Dune nous offre son nouvel album, jolie carte postale du quartier de San Pedro à Los Angeles où il habite. Parti vivre aux États-Unis en 2015, David Ivar célèbre en cette année de bamboche ses vingt ans de carrière en enregistrant dans son home studio le merveilleux Notes From Vinegar Hill.
Vinegar Hill, c’est le quartier que nous invite à visiter David Ivar. Seul maître à bord d’Herman Dune, il devient par le fait multi-instrumentiste, d’autant que ce quatorzième album a été enregistré en plein confinement. Piano, guitares, contrebasse, harmonicas et autres flûtiaux, percussions: le musicien s’est occupé de la quasi-totalité des instrus. Pour l’épauler, il a tout de même fait appel pour les chœurs à la chanteuse de country de Nashville Caitlin Rose, ainsi qu’à sa compagne peintre Mayon Hanania. Spencer Cullum III officie quant à lui à la pedal steel, que l’on entend beaucoup sur cet album tout empli de l’esprit des banlieues tranquilles de Los Angeles, le doux quartier de San Pedro, zone portuaire assoupie à l’ombre des hauts palmiers, loin du star system. Un album à la cool (on n’en attendait pas moins d’Herman), qui respire le folk et la country.
L’un des sommets de ces Notes From Vinegar Hill, c’est la réjouissante Ballad Of Herman Dune, nostalgique de l’époque où Yaya pour les intimes écoutait Gin & Juice de Snoop Dogg (avec le gimmick de guitare au tout début qui rappelle Loser de Beck), bienheureux retour dans les années 90 donc, blindé de joyeuses références et de bruits de l’extérieur que David a conservés, et notamment les manifestations de son matou Inspecteur Morrison (celui que l’on voit sur la pochette du disque). On peut l’entendre miauler et ronronner tout au long de l’album. Seul Mookie Mookie pousse le volume et l’overdrive de l’ampli pour un titre un peu plus rugueux et blues rock.
Mais globalement ici, tout n’est que calme et volupté (pour le luxe, il y a Sunset Boulevard plus loin) avec des titres comme Heartbroken And Free, délicieusement suranné, ou la folk planante de LA Blues. Bird Of Prey et son picking sautillant, Freak Out Til The Morning Dew et son piano de saloon, distillant une douce amertume, la sautillante Vinegar Hill chantée en duo avec Caitlin. Notes From Vinegar Hill arrive à point nommé, un disque gorgé de soleil, d’optimisme et d’un peu de douce nostalgie (de miaulements félins aussi), qui va sans nul doute réchauffer un hiver qui s’annonce tristounet.