En janvier dernier, Adrien M et Claire B étaient les invités de MA scène nationale. Ils y présentaient plusieurs projets, dont le point commun était le numérique, un outil virtuel que l’on retrouve également dans un projet à découvrir cette fois dans les rues de Montbéliard, autour de l’Hôtel de Sponeck à l’occasion des Green Days, du 7 au 11 juin prochains. Rencontre avec Adrien Mondot.
Quand avez-vous commencé à travailler sur Faune ?
Pendant le deuxième confinement. On en avait marre de voir tous nos projets annulés, et on a essayé d’imaginer un projet insubmersible, inannulable ! Ce sont des affiches collées dans la rue, qui s’ouvrent sur un espace imaginaire quand on les regarde avec une petite fenêtre de réalité augmentée, votre téléphone ou votre tablette.
Ces affiches investissent l’univers urbain, mais le titre du projet renvoie au contraire à la nature…
Faune, c’est parce qu’on avait envie d’évoquer un jeu de pistage. Avec Claire Bardainne, on aime penser notre travail comme une sorte de gymnastique de l’émerveillement, essayer de trouver des ressorts qui peuvent faire jaillir dans le quotidien des choses magiques. On traverse des choses qui sont parfois pesantes, violentes, mais on pense qu’il y a aussi un germe de beauté dans chaque chose et qu’il faut s’habituer, s’entraîner à s’émerveiller aussi.
Parlez-nous de votre collaboration avec le collectif de graphistes Brest Brest Brest.
On a conçu avec eux ce parcours que les lieux diffusent en collant des affiches dans la ville, sur les murs des maisons. Il y a un espace qui se déploie et des êtres qui prennent vie. Ce projet peut exister même s’il n’y a pas de rassemblement public, ça pousse en gros comme une herbe entre les pierres d’un mur.
On peut retrouver Faune à Londres, Madrid, Valence, Paris… Quelles sont les réactions du public ?
Les gens sont assez surpris de ce type d’expérience ! On l’a créée en pensant à ceux qui auraient la curiosité et la surprise de le découvrir. Il y a dix affiches au total qui forment un parcours.
Pouvez-vous nous présenter la Compagnie Adrien M et Claire B ?
Elle existe depuis 2010. On ne s’est donné aucune frontière de genre, de temps ou d’espace. On peut aussi bien faire un livre qu’une installation monumentale, des affiches comme des spectacles.
Possédez-vous tout de même une ligne directrice ?
Essayer de faire des choses du quotidien des choses incroyables. Miyazaki et son animisme ont une influence assez forte sur notre vision du monde. On est souvent inspirés par des artistes plasticiens comme James Turrell, Julio Le Parc… On est deux à diriger la compagnie. Claire Bardainne qui est plasticienne et scénographe, et moi qui suis jongleur et informaticien.
L’outil numérique tient donc une place importante dans votre travail ?
Les outils numériques évoluent assez vite en théorie. En pratique, on est toujours surpris d’avoir les mêmes problèmes ! C’est un outil dont on peut s’emparer, qui n’est pas forcément conçu par des grandes entreprises, ça peut être un artisanat bidouillé et plus on sera nombreux à s’en emparer, à comprendre comment il est programmé, plus on aura conscience des enjeux politiques de ce qu’est la technologie.
– Propos recueillis par Caroline Vo Minh –
Adrien M et Claire B – Faune, MA scène nationale – Installation virtuelle autour de l’Hôtel de Sponeck à Montbéliard, du 7 au 11 juin (Square Sponeck) – Pour suivre le parcours, cherchez l’application « faune »
Programme complet des Green Days :
https://mascenenationale.eu/storage/app/media/21-22/depliant_green_days_60x36cm_VFweb.pdf
Article plus général sur la manifestation :
http://www.diversions-magazine.com/montbeliard-les-green-days-sont-de-retour-a-ma-scene-nationale/