BIOGRAPHIE
Cabédita
Parution en avril 2023
Alors que l’on célèbre actuellement le centenaire de la naissance du romancier, les éditions suisses Cabédita publient une biographie de Bernard Clavel. Le Jurassien Gérard Chappez, disparu l’an dernier, qui avait déjà écrit sur le seul autre Franc-Comtois lauréat du Prix Goncourt, Louis Pergaud, s’attache cette fois à relater la vie et la carrière de l’auteur né à Lons-le-Saunier.
Celui que le romancier François Nourissier situait entre Hugo et Giono (excusez du peu), revient donc sur le devant de la scène à l’occasion de cet anniversaire. Il faut dire que les écrits de Bernard Clavel ne surchargent plus vraiment les étagères des libraires et nombre de ses romans ne sont plus réédités. Il n’est pas le seul, et même Jean Giono, grand pacifiste à l’instar de Clavel, ne semble plus trop en odeur de sainteté auprès des médias. Pourtant avec près d’une centaine d’ouvrages et plus d’une vingtaine de prix, Clavel marqua son temps, habitué d’Apostrophes et des rubriques littéraires des journaux. Cette biographie posthume de Gérard Chappez a le mérite de nous le rappeler, l’auteur emboîtant le pas de ce grand déraciné à travers ses multiples déménagements (on en recenserait officiellement 42…), quittant son Jura natal pour Lyon, puis la capitale, en passant par la Suisse, l’Irlande, le Portugal, sans oublier le Québec, « deuxième choc capital de sa vie d’écrivain après sa rencontre avec le Rhône. » À l’instar de son personnage fétiche des Colonnes du ciel, Bisontin-la-Vertu, Bernard Clavel, amoureux des trains, ne tient pas en place.
Dans cette biographie pourtant synthétique, Gérard Chappez n’oublie rien, et en particulier les grands combats de Clavel. Pacifiste acharné, comme Giono, l’auteur prendra également fait et cause pour les enfants victimes de guerre. Plusieurs de ses préoccupations sont même d’une brûlante actualité, de l’euthanasie dont il traite dans Le Tambour du bief aux réfugiés du Bangladesh, en passant par la destruction de la forêt et l’agriculture biologique. Gérard Chappez n’oublie pas non plus la veuve de l’écrivain, sa deuxième et dernière épouse Josette Pratte, qui a travaillé étroitement avec lui et œuvre aujourd’hui à la valorisation du patrimoine écrit de son mari. Il s’est notamment entretenu avec cette dernière pour cet ouvrage, d’où peut-être la précision dans certains détails. Bernard Clavel – Une destinée jurassienne nous rappelle enfin l’une des raisons du succès du romancier, cette « langue simple, claire, précise », Gérard Chappez citant la journaliste Anne-Marie Voisard dans le quotidien québécois Le Soleil. « Ce sont des qualités rares. »
Dominique Demangeot
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