En avril, à Fontaine-lès-Dijon et Genlis, l’Orchestre Dijon Bourgogne proposera un ciné-concert autour de Buster Keaton, l’une des plus grandes stars du cinéma burlesque muet. L’occasion pour le public de retrouver Marc-Olivier Dupin, dont on avait pu entendre à Dijon il y a quelques années L’île aux oiseaux-serpents.
Marc-Olivier Dupin – Photo : Axel Saxe
En 2019, l’Orchestre Régional de Normandie passait commande d’une partition au compositeur, pour trois courts-métrages de Buster Keaton créés en 1920 et 1921 : La Guigne de Malec, Malec l’insaisissable et La Maison démontable. À cent ans de distance, le compositeur se confronte donc au cinéma du taciturne – mais élastique – Buster Keaton, ce dernier n’hésitant pas à donner de sa personne dans des scènes souvent spectaculaires. Si la silhouette du comédien est passée dans l’imaginaire collectif, avec ses cascades et ses courses poursuites, on s’attend aussi à une musique bien précise, un piano ragtime endiablé pour accompagner les embardées de Buster Keaton dans les rues de la ville.
Marc-Olivier Dupin n’a pas souhaité aller dans cette direction musicale, d’autant que la composition pour ciné-concert est un exercice qu’il connaît bien, ayant notamment travaillé à partir d’un film sur Le Comte de Monte-Cristo avec l’Orchestre National d’Ile-de-France, d’une durée de 3 heures 42 ! Le rythme devrait être plus enlevé avec les trois moyens-métrages du sautillant Buster Keaton. « En travaillant sur les films, j’ai mesuré à quel point c’était un athlète, un cascadeur», explique Marc-Olivier Dupin. Même s’il a composé pour un orchestre réduit, les outils à disposition du musicien étaient cependant nombreux et permettaient d’obtenir beaucoup de couleurs. La fonction illustrative de la musique reste évidemment centrale, d’autant que le cinéma muet de l’époque interdisait tout dialogue. La musique doit donc non seulement ponctuer l’action, mais aussi apporter un supplément d’âme aux scènes. Et les actions sont suffisamment
nombreuses ! Ainsi dans La Guigne de Malec, le héros (ou plutôt anti-héros) tente par tous les moyens de mettre fin à ses jours, en vain, et se retrouve dans une partie de chasse. Dans Malec l’insaisissable, confondu avec un bandit, on le poursuit à travers la ville…
Joseph Bastian – Photo : Astrid Ackermann
Marc-Olivier Dupin était aussi intéressé par proposer une bande son globale, plutôt qu’une succession de petits morceaux et l’on retrouve, tout au long des trois films, des motifs musicaux communs, à l’image des génériques de début. « Et puis il y a des sortes de motifs qui reviennent, plusieurs séquences avec des trains par exemple. » C’est Joseph Bastian qui s’emparera de la partition, dirigeant l’ODB à cette occasion. « C’est très précis comme écriture », précise Marc-Olivier Dupin. « D’abord il y a le time code sur toute la partition, et puis il y a des indications métronomiques aussi qui sont précises.» Il faut bien cela pour suivre Buster Keaton dans ses courses folles !
– Dominique Demangeot –
Buster Keaton, Orchestre Dijon Bourgogne, Fontaine-lès-Dijon, Centre d’animation Pierre Jacques, 9 avril à 20h, Genlis, L’Odéon, 15 avril à 20h
www.orchestredijonbourgogne.fr