Son eau qui ruisselle dans la salle d’exposition de la Fondation François Schneider fait écho à l’élément liquide qui est en quelque sorte le fil rouge du centre d’art. La fontaine installée à l’occasion de l’exposition Plongeons à Wattwiller, imaginée par Roxane Romann et Fériel Djenidi, réactive le rite de la pièce de monnaie que l’on jette dans l’eau. Un rite magique dont le but a cependant une visée à la fois concrète, et chargée d’une certaine poésie : acheter une étoile. Manière très personnelle d’envisager le financement participatif en quelque sorte !
Fériel Djenidi et Roxane Romann, du collectif The Fine Art Collection, devant la sculpture Ex voto suscepto – Photo : Caroline Vo Minh/Diversions
Travaillant en duo depuis 2011 au sein du collectif The Fine Art Collection, Roxane et Fériel invitent donc le visiteur à apporter sa contribution en jetant une pièce dans leur fontaine baptisée Ex voto suscepto. « On reprend la tradition comme dans la fontaine de Trevi où l’on jette une pièce et on fait un vœu », explique Fériel. « On reproduit cela exactement, sauf que les pièces qui vont être récupérées à la fin de l’exposition serviront à acheter une étoile ». L’astre se verra attribuer le nom du projet, Ex voto suscepto. De la terre au ciel il n’y aurait donc qu’un pas. Le duo d’artiste nous rappelle aussi que les traditions se perdent. « Au départ il s’agissait de mettre une pièce dans la bouche des défunts pour donner une avance à Caron », rappelle Roxane. « Ensuite ça s’est transformé au fil du temps avec des divinités, jusqu’à devenir aujourd’hui un geste vraiment touristique », ajoute Fériel.
La fontaine Ex-voto suscepto du collectif The Fine Art Collection à voir en ce moment à la Fondation François Schneider de Wattwiller
The Fine Art Collection réinterprète donc la tradition, qui consiste toujours à faire un vœu lorsque l’on jette la pièce à l’eau, mais ici le fait de participer au financement d’une véritable étoile contribuerait à renforcer le vœu… « Ces étoiles, on peut les acheter, les nommer et plus on met d’argent, plus elle est visible », souligne Fériel. Le fil rouge de l’exposition, à savoir l’acte de plonger, est là encore réinterprété puisqu’il ne s’agit pas ici du majestueux plongeon accompli depuis les hauteurs, mais d’un simple lancer de pièce qui produit… « un petit plouf », comme le dit Fériel. Mais pour rester dans la métaphore liquide, les petites rivières font les grands fleuve, et des dizaines, des centaines – on l’espère – de petits ploufs permettront peut-être aux deux jeunes artistes de se payer une étoile…
Actuellement en post diplôme à l’EMA Fructidor de Chalon-sur-Saône, Roxane et Fériel ont terminé leurs études à Mulhouse il y a deux ans. C’est d’ailleurs à la HEAR que les deux jeunes femmes se sont rencontrées. « On a commencé à travailler en 3ème année ensemble, on a continué depuis et on a passé notre diplôme et fait notre mémoire ». Pour l’instant les deux artistes travaillent exclusivement en binôme pour porter des projets « qu’on ne ferait pas si on était seule », explique Fériel.