> Retrouvez le reportage de Diversions sur la pièce Traversée, à découvrir le 3 février 2017 au Relais culturel de Thann, dans le cadre du festival Momix
> Article publié à l’origine dans le numéro de novembre-décembre du journal Diversions – Consulter le PDF ici –
Du 27 janvier au 5 février 2017, le festival Momix reprend ses droits sur le Haut-Rhin et ailleurs en proposant une nouvelle salve de spectacles pour des publics allant de la petite enfance aux plus de douze ans. C’est une belle palette de matières qui s’offre aux artistes pour nous raconter leurs histoires. De l’argile crue modelée par la compagnie Le Vent des Forges, au bois et au papier pour faire naître à la scène le célèbre Pinocchio, la matière des artistes ce peut être aussi l’image filmée comme nous le démontre La Cordonnerie avec Blanche-Neige ou la chute du Mur de Berlin. Renaud Herbin, lui, a choisi la cire pour parler de la création dans son nouveau spectacle, qui tire son nom de la traduction anglaise, “wax”.
Wax, matière en transformation, que l’on modèle mais qui peut aisément s’échapper entre nos doigts. Ce spectacle à voir à partir de trois ans a aussi beaucoup à nous dire sur les notions d’identité et de libre arbitre, et sur l’acte de création. L’art et la matière… Sur scène, la cire se présente à nous dans son état de transition. Chauffée, elle est malléable, matière à être que Justine Macadoux manipule sur le plateau. L’aventure débute par la fabrication de personnages en série, tous identiques, Justine en artiste créateur, démiurge d’une armée d’êtres tristement semblables. Mais la matière semble avoir ici des envies d’émancipation ! Les moules rigides sont trop petits pour elle, et c’est alors que va s’ouvrir une voie vers la création. “Nous goûterons subtilement à l’art de la transgression”, explique Renaud Herbin qui semble nous dire ici que la création ne souffre pas la contrainte – ou la répétition de modèles préétablis – et qu’il faut savoir quitter les chemins balisés pour continuer à créer.
La cire aussi comme un élément connotant la vie, protégeant le précieux miel des non moins précieuses abeilles, leur servant également à fabriquer leurs abris. Mais utilisée aussi pour embaumer les défunts, la cire est ambivalente. La cire pour évoquer les notions de libre arbitre et d’identité, et la place de la création dans tout cela, à l’image de l’enfant qui se construit par le jeu. Les répétitions sont d’ailleurs passées par des rencontres avec des classes de 3 à 5 ans dans une école de Strasbourg, pour observer comment nos chères têtes blondes appréhendent le temps de jeu. N’oublions pas en effet le caractère ludique d’un tel élément, qui permet de laisser libre cours à l’imagination, comme sur ces terrains de jeu à grande échelle que sont la plupart du temps les plateaux de théâtre. Wax donne aussi à voir ce à quoi l’on n’assiste pas généralement, la création de l’objet auquel le manipulateur va donner vie. Car tout cela reste aussi un artisanat, accompli en temps réel, et donc soumis aux lois des impondérables.
– Paul Sobrin –
Momix, 26e Festival international jeune public, Kingersheim, du 27 janvier au 5 février 2017 – Wax, 3 et 4 février
Programme complet du festival : www.momix.org