La curiosité nous conduit ce soir à la Vapeur de Dijon, une curiosité attisée par la venue d’Other Lives, rares et presque inespérés dans nos contrées. Mais grâce au Festival GéNéRiQ, voilà un souhait que l’on va pouvoir barrer de notre wish list.
Mais avant que les résidents de l’Oklahoma ne prennent place sur scène, deux autres groupes ont droit à leur passage dans la grande salle de la SMAC bourguignonne. D’abord Jesse Mac Cormack et son blues revisité, qui laisse une grande place aux longues plages instrumentales et allant jusqu’à jouer avec trois basses sur scène. Une mise en bouche intéressante. Puis c’est au tour de Bantam Lyons de prendre le relai. On est loin d’être convaincus. Même si on ne peut nier un gros pouvoir du chant, musicalement c’est loin d’être original et cela n’apporte rien de bien nouveau dans le monde de la pop indé actuelle.
La raison principale de notre présence ce soir ne tarde pas à arriver. Et devant l’installation de la scène du groupe et de son éventail d’instruments, notre impatience grandit. Au côté des classiques guitares, basse, batterie, piano, on trouve une trompette, des violons, un xylophone, un harmonium et moult percussions. Il n’en faudra pas moins pour habiller l’univers d’Other Lives qui va livrer pendant une heure un show incroyable, un folk ambiant, habité, qui prend une dimension cinématographique quand la batterie et les percussions se rendent la politesse (Desert). Il en est de même quand des chœurs plein de fantômes se font entendre sur For The Last et que l’atmosphère devient envoûtante avec Easy Way Out.
Mené par un Jesse Tabish au charisme indéniable, la musique d’Other Lives nous transporte dans les plaines désertiques du Midwest, où on entend les trompettes mariachi (Dark Horse) et où les chevauchées crépusculaires sont légion (As I Lay My Head Down). For 12, single du groupe, était attendu par tous et quand les premières notes se font entendre, il n’en faut pas plus pour finir de conquérir un public qui sans ça était déjà bien heureux. Une audience qui ne crache pas non plus sur l’inattendue reprise de Something In The Way de Nirvana, qui prend une tournure encore plus sombre que le titre original. Le show se termine en apothéose sur une dernière chevauchée, celle du nuage de poussière de Dust Bowl III. Si Other Lives n’ont pas toute la reconnaissance qu’ils méritent, ils sont un groupe taillé pour la scène, lieu où leur musique prend une dimension majeure, en grand format.
La soirée se conclut avec Savages, combo féminin burné qui occupe actuellement le devant de la scène post punk. Belle présence sur scène, belle énergie, mais encore complètement pris dans l’envoutement Other Lives, on peine à se mettre dans l’ambiance littéralement à l’opposé de ce qui précédait le groupe de Jehnny Beth. On préfère alors reprendre la route, la tête pleine d’images de lointaines contrées poussiéreuses.
Florian Antunes Pires