C’est à guichet fermé que s’est tenue la seconde soirée de la Paille, ce samedi 30 juillet. Un deuxième jour tout aussi varié dans les couleurs musicales, qui a alterné les toutes jeunes sensations de l’électro pop française et les têtes brûlées du métal hexagonal avec la venue de Mass Hysteria.
On s’attendait aussi à ce que les formations de la région envoient le bois, comme on dit. Ce fut le cas notamment avec The Rising Sun, jeune groupe qui fait parler de lui depuis quelques mois, avec un rock teinté de blues, de la Stratocaster à tout va et un bel avenir que l’on prédit aux musiciens. Ils tirent leur nom d’un morceau d’Hendrix et, toutes proportions gardées, on comprend vite pourquoi. Belle prestation également de nos voisins alsaciens de Dirty Deep, qui creusent quant à eux encore un peu plus loin le sillon blues de leur musique, un blues très roots qui ne nous a pas dépaysés, dans l’atmosphère champêtre d’un festival qui a fait de la paille son symbole !
La jeunesse, on l’a trouvée aussi du côté de Jain, qui n’est plus une inconnue pour les Youtubeurs de France et de Navarre qui la portent aux nues depuis quelques mois sur le net. Jain, c’est une forte réminiscence de la pop de Lily Allen, avec un son qui s’en va cependant fouiller un peu plus loin ses influences, jusqu’à s’étoffer de rythmiques et de sonorités glanées un peu partout dans le monde. Le jeune fille au col Claudine a sans nul doute trouvé sa patte et s’en sort plutôt bien sur scène. Petite attraction visuelle du moment : elle n’a pas manqué de déployer dans le public sa fameuse Makeball, sphère translucide à l’intérieur de laquelle Jain se déplace au-dessus de la marée humaine comme Jésus sur les eaux à sa grande époque.
Côté show, le duo de Lilly Wood And The Prick a lui aussi assuré le job. Tout juste revenus d’Afrique, Nili et Benjamin ont rapporté dans leurs valises des couleurs de world music qui transportent leur pop moderne dans d’autres sphères. Comme à son habitude, Nili se démène comme une petite diablesse sur scène, si bien que son compère guitariste en paraitrait presque effacé… Mais ce n’est qu’une impression. Lilly Wood And The Prick ont donné un concert bien réglé, bien fini, mais vous ne nous en voudrez pas si pour notre part on attendait surtout la venue pour la première fois en (Bourgogne )Franche-Comté de JoeyStarr et son compère Nathy. Diversions vous avait chroniqué l’album il y a quelques mois – Caribbean Dandee -, et restait à juger sur pièces si le Jaguarr n’avait rien perdu de son mordant. On vous rassure les crocs – avec moins d’or aux dents cependant ces derniers temps – sont toujours aussi acérés. Caribbean Dandee est une machine à faire bouger un public comme jamais. Les deux lascars, très bien accompagnés en live, sont rentrés dans l’arène, pour reprendre les paroles de la chanson éponyme posée sur un sample de La Foule d’Edith Piaf. De la chanson réaliste de la dame en noire, on passe cependant ici à un hip-hop réaliste, bien dans son époque et loin des clichés. Un hip-hop que d’aucuns qualifieront de « roots » ou encore « old school » mais qui sait surtout porter les textes de JoeyStarr et Nathy, un rap musclé qui s’acoquine à des rythmiques tantôt urbaines, tantôt sucrées d’influences caribéennes. C’est diablement bien fait et cent pour cent authentik…
Malgré toute leur fougue, les dandys n’ont pas percé le ciel, ou alors ont seulement écorné quelques nuages qui ont finalement déversé leurs eaux durant le concert de Mass Hysteria, dont la réputation scénique n’est plus à faire. L’assurance d’un show qui mêle électro et métal de manière furieusement efficace. Comme Caribbean Dandee, ils nous ont servi eux aussi des textes qui reflètent le monde actuel. Les coups de (g)riffs de Mass Hysteria ne sont jamais gratuits, et ils nous l’ont démontré une fois encore samedi au Festival de la Paille, qui avec 24 000 spectateurs, a joliment enflammé le Haut-Doubs le temps d’un week-end.
> Consulter le live report du vendredi 29 juillet, Festival de la Paille 2016