En 3ème année Arts à la HEAR Mulhouse, Yvan Rochette présente un travail intitulé 785 grammes d’argile dans 60 litres d’eau, à l’occasion de l’exposition Plongeons à la Fondation François Schneider de Wattwiller. Si son médium de prédilection reste la sculpture, Yvan ajoute ici à sa recherche plastique une dimension sonore et vidéo.
En tant que sculpteur, Yvan travaille tout naturellement la matière, mais la particularité de l’œuvre qu’il présente à Wattwiller est que le morceau d’argile utilisé n’est pas directement transformé par les mains de l’étudiant. En plongeant le bloc d’argile dans 60 litres d’eau, il laisse cette dernière agir sur la matière, la désagréger lentement, et de manière totalement aléatoire. Au début de cette vidéo qui dure 35 minutes, on voit la main d’Yvan plonger ce bloc d’argile déshydraté dans l’eau. Voici l’unique geste que s’autorise l’artiste ici, d’autant que la finalité ne consiste pas à faire surgir une forme de l’argile, mais au contraire de laisser totalement disparaitre cette dernière. On retrouve l’élément liquide, fil rouge de l’exposition Plongeons à la Fondation François Schneider de Wattwiller.
« Il y a toute une partie sonore qui se dégage de la pièce et toute une partie visuelle et graphique », explique Yvan, « car la désintégration va venir générer de la barbotine ». La barbotine qui répand une brume de plus en plus dense sur la scène, non dénuée d’une certaine dramatisation, induite par le traitement sonore notamment. Le spectateur observe le lent processus de désagrégation de l’argile. L’effervescence créée porte à notre regard un étrange paysage. Changeant constamment, le bloc d’argile prend les allures d’une montagne – martienne ? – en décomposition.
Une manière de mini-apocalypse qui vient frapper notre vue mais aussi notre ouïe car Yvan explore aussi la dimension sonore avec ce projet. « Je faisais déjà quelques expériences avec le plâtre, qui réagissait au niveau acoustique dans l’eau avec un hydrophone ». Yvan a conçu ce montage en studio avec un aquarium. « J’ai fait plusieurs tests avant, avec différents matériaux, différentes textures pour arriver à ce résultat ». Cette vidéo est pour l’étudiant une étape supplémentaire dans son parcours, qui lui permet « de transmettre au spectateur d’autres façons de voir les choses ».
Exposition Plongeons, Fondation François Schneider, Wattwiller, du 5 mars au 29 mai 2016
www.fondationfrancoisschneider.org