> Consulter le reportage de Diversions réalisé en mai dernier à Chalon-sur-Saône et Dijon
Initiée par le Centre régional du livre de Bourgogne, en partenariat avec dix bibliothèques de la région, À l’abri, je lis ! est une exposition itinérante qui valorise le rôle de conservation des bibliothèques, en particulier ici en matière de littérature jeunesse. Pour cela l’artiste plasticien Raphaël Galley a conçu une cabane qui parcourt les bibliothèques bourguignonnes jusqu’en décembre 2017. Actuellement, l’exposition fait arrêt jusqu’au 1er octobre à la Médiathèque du Creusot. À chaque lieu, correspondent également des animations spécifiques, organisées par les différentes équipes de bibliothécaires.
La cabane ici lors de son étape chalonnaise en mai 2016 – Photo : Diversions
Si l’objectif est bien évidemment aussi de faire lire nos chères têtes blondes, À l’abri, je lis ! met en lumière le travail de conservation partagée des livres pour la jeunesse mis en place depuis 2007. « Cette exposition n’est que la partie visible de l’iceberg puisqu’il y a tout un travail de fond qui est mené, piloté par le centre régional du livre », explique Alice Zunino, directrice adjointe en charge du patrimoine écrit et de la vie littéraire au CRL Bourgogne, « un travail mené par une trentaine de bibliothèques de la région pour sauvegarder des pans représentatifs de l’édition jeunesse française ». Une initiative qui répond bel et bien à une disparition progressive de la littérature jeunesse dans les librairies, en dépit de l’effervescence créative que connait ce type de littérature en France depuis les années 60. Le revers de la médaille de cette riche production est un temps de rotation très court sur les étagères des libraires – ainsi que des stocks des éditeurs -. En Bourgogne, ce sont en tout treize bibliothèques qui se sont engagées à conserver les livres pour la jeunesse selon trois axes de conservation prioritaires : les maisons d’édition d’intérêt national qui possèdent moins de 200 titres à leur catalogue, les collections disparues ainsi que la production locale et régionale. Plus de dix mille titres ont ainsi déjà été conservés depuis 2007. « Ce sont des livres qui ne sont pas forcément très anciens, puisque les plus anciens datent des années 1950 jusqu’au début des années 2000 », souligne Alice Zunino.
À l’abri, je lis ! est l’occasion de nombreuses animations, comme ici à Dijon où des affiches de l’événement étaient réalisées en sérigraphie – Photo : Caroline Vo Minh/Diversions
Pour faire connaitre ce travail de conservation ainsi que quelques pépites de la littérature jeunesse, le CRL a fait appel à Raphaël Galley, qui a conçu un écrin permettant d’accueillir les soixante livres présentés dans l’exposition itinérante. « Raphaël Gallet est d’abord et avant tout un amoureux des livres, il est aussi très sensible à l’illustration et en album jeunesse, il y a matière ». Édité par la Clé à Molette, maison d’édition franc-comtoise, Raphaël a été contacté par le CRL Bourgogne. Très vite l’artiste a rencontré les bibliothécaires. « Ensemble on a imaginé ce qu’on allait faire du fonds patrimonial. Je leur ai proposé de partir de la cabane, qui est un élément récurrent dans les livres jeunesse, pour progresser au niveau du refuge et arriver à l’abri ».
Raphaël souhaitait concevoir un espace en mesure d’accueillir la soixantaine de livres sélectionnés, connotant à la fois la notion de refuge, le fameux « abri » du titre de l’exposition, mais également l’aspect ludique des cabanes de notre enfance. « C’est aussi se trouver dans un espace intime. Le livre provoque déjà ça : une intimité en lisant ». Certaines des parois de la cabane peuvent coulisser, révélant ainsi les livres sur des étagères. « C’est quelque chose qui me plaisait dans le fait de déstructurer, de déconstruire cette géométrie », rappelle l’artiste. Une structure à géométrie variable qui a été fabriquée au lycée professionnel des arts du bois Pierre-Vernotte, à l’occasion d’un travail pédagogique réalisé durant l’année scolaire 2014-2015. Les coussins ont quant à eux été découpés dans de la toile de jute, « qui est un matériau peu onéreux avec des qualités plastiques mais aussi d’odeur qui m’intéressaient ».