Dole – Retour sur le concert de Tiken Jah Fakoly à La Commanderie

En juin prochain, Tiken Jah Fakoly reviendra en Franche-Comté pour le festival Rencontres & Racines. Diversions l’a interviewé et a assisté à son concert à la Commanderie de Dole, le 15 mars, pour évoquer son projet qui l’a ramené aux racines de l’Afrique. Lui qui a été le premier artiste à intégrer des instruments traditionnels africains dans le reggae, tente aujourd’hui une expérience profonde, un retour aux sources.

Tandis que le concert commence par une intro de kora, le public est déjà enthousiasmé par l’arrivée de Doumbia Moussa (alias Tiken Jah Fakoly). Ce n’est qu’aux premières paroles que tout le monde reconnaît le morceau Africain à Paris, titre est inspiré du malaise qu’éprouve un africain tout juste débarqué dans une grande ville occidentale. Mais lui, il n’est plus étranger là où il passe. Son public connaît d’ailleurs le message au point d’en être un véhicule. Durant le concert de Dole, la foule chantait à l’unisson… même si, ici à Dole, il pouvait avoir une certaine impression de prêcher des déjà convaincus. Lorsque Diversions l’interroge il souligne que « chaque génération joue son rôle », et les fans présents à Dole composaient au moins deux générations ! Lors de cette interview d’après concert, l’artiste assurait que sa « mission est de dénoncer les injustices et les inégalités. Réveiller les consciences, parler des injustices dont mon continent est victime ». À travers sa musique Tiken Jah Fakoly parle à tous les Africains depuis le Mali où il s’était exilé en 2003, alors menacé de mort en Côte-d’Ivoire. Il a choisi de rester faire sa vie au Mali en « solidarité avec ce pays dans son combat actuel », concède-t-il.

« Le Mali est panafricain, depuis les années 60 le pays a pris position, pour l’Afrique. Et si tu écoutes l’hymne national malien tu entendras des phrases dédiées au continent ». Les chansons reprises dans l’album Acoustic et la tournée permettent de faire passer des messages à ceux qui n’écoutent pas de reggae. « Je suis sûr qu’il y en a qui nous ont découvert ce soir ! » Le ressenti qu’on pouvait avoir en salle semblait plutôt montrer l’inverse, que les gens étaient bien là en connaissance de cause, mais venus chercher l’africanité de la musique d’un artiste qu’ils connaissent, et dont ils ont bien identifié la patte.

Sa voix est non seulement reconnaissable mais de plus, même en jouant les titres sans le skank du reggae, la façon de poser les lyrics et le flow est la même. Cela tient à la logique de création chez Tiken Jah Fakoly : « Lorsqu’on compose une chanson, on commence souvent à le faire avec une guitare sèche. C’est un virage à 90 degrés. Quand vous chantez et dansez sur du reggae pendant trente ans et que vous faites un tel virage vous allez mettre du temps à savoir où mettre les pas », explique Tiken Jah Fakoly. La formation est modifiée, sans section cuivres notamment. Et « le bassiste reggae est resté mais joue avec une basse acoustique. Le musicien qui habituellement fait les skanks a pris une guitare acoustique », explique Tiken. Sur scène, bien alignés, les musiciens appuient la gravité de certains thèmes abordés par Tiken Jah Fakoly.

Plus rien ne l’étonne, comme il le chante depuis 2007, « le monde est complètement partagé, en effet plus rien ne m’étonne et cette chanson est toujours d’actualité », constate-t-il. Tiken chante pour le réveil de l’Afrique, pour une prise de conscience, car « ce qui bloque c’est d’abord que le peuple ne se soit pas encore rendu compte de l’importance de l’unité », tant espérée par l’artiste. « Ce que je souhaite pour que mon Afrique s’en sorte, c’est qu’elle parle d’une seule voix », confie-t-il. Le reggae ne dissocie jamais la musique du message. Certes Acoustic n’est pas un album de reggae, mais « moi je suis un reggaeman, alors même quand je fais de l’acoustique, je viens avec mon message », confirme notre hôte. À Dole, le message est passé et bien que ce fût un concert assis, progressivement le rythme de la scène a transmis son énergie au public qui a fini par se lever !

Texte, propos recueillis et photos par Fred D Rico✍️

Retrouvez Tiken Jah Fakoly le 29 juin prochain lors du festival Rencontres & Racines 2024 à Audincourt
https://rencontresetracines.audincourt.fr/prog/

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